Ambassadeur américain ou porte-parole du gouvernement israélien ?

David Friedman

La fonction habituelle d’un ambassadeur est de représenter et de défendre la politique de son pays auprès du gouvernement de l’Etat où il a été nommé. Telle ne semble pas être la conception de son rôle de David Friedman, ambassadeur des Etats-Unis en Israël.

Dans une étrange inversion de rôle, Friedman se comporte plutôt comme le défenseur de la politique israélienne, y compris dans ses aspects les plus rétrogrades, auprès du gouvernement et de l’opinion publique américains. Il s’est illustré par des déclarations du type « les colonies en Cisjordanie font partie d’Israël. Tel est le sens de la résolution 242 votée aux Nations Unies ». Laquelle pourtant condamne sans ambiguïté ces colonies, les déclarant illégales. Autre déni des faits, Friedman affirme que les colonies représentent à peine 2% de la Cisjordanie.

« A l’évidence, ajoute-t-il, ces colonies sont justifiées non seulement par des considérations de sécurité, mais aussi par d’importantes raisons nationales et par leur grande signification historique et religieuse. » Elles devront donc rester définitivement entre les mains d’Israël. Friedman se fait donc le porte-parole des thèses les plus extrêmes des nationalistes israéliens.

En toute logique, ces propos devraient signifier un changement de la politique américaine officielle. Il n’en est rien. Le porte-parole du département d’Etat américain, Heather Nauert, a été contraint à deux reprises de corriger le tir et de démentir les propos de son ambassadeur. « Il n’y a aucun changement dans la politique américaine concernant l’avenir de la Cisjordanie. »
Un ambassadeur qui contredit les positions de son gouvernement devrait logiquement être relevé de son poste et remplacé. En ce qui concerne Friedman et pour l’instant, il n’en est rien.

On peut supposer que ce curieux ambassadeur jouit d’une importante protection en haut lieu, c’est-à-dire auprès du président Trump lui-même. Il est vrai que Friedman fut son efficace avocat quand ce dernier fit faillite dans d’obscures affaires immobilières. Serait-il détenteur de quelques secrets ? Trump ne peut donc rien refuser à son ambassadeur et tant pis si l’image de la politique internationale américaine en soit encore plus ternie.

Gérard Haddad

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