Le livre Qu’est-ce que le bien commun ? (*) rend hommage à Jean-Marc Sauvé. Les contributions réunies dans cet ouvrage livrent des récits sur le fonctionnement, « vu de l’intérieur », des plus hautes institutions françaises et européennes et d’éminentes analyses sur des enjeux d’actualité, abordés ou revisités sous l’angle du bien commun.
Jean-Marc Sauvé préside la fondation Cité internationale universitaire de Paris, la fondation Apprentis d’Auteuil, le Comité d’éthique de Paris 2024 et la Commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Église.
(*) De Pierre Delvolvé, Bernard Stirn, Christian Vigouroux, Fabien Raynaud, Laurence Marion et Édouard Geffray. Préface de Robert Badinter.
Extraits :
• Robert Badinter : « Il était un militant de l’abolition de la peine de mort, ce qui n’était pas si commun dans le monde judiciaire à l’époque […]. Dans tous les combats au service des oubliés, des rejetés, des méprisés, Jean-Marc Sauvé était toujours présent. Le Droit était son arme, la Justice sa passion. »
• Alain Juppé : « Jean-Marc Sauvé était pour moi le modèle du grand serviteur de l’État, intègre, impartial, attaché au bien commun. »
• Édouard Geffray : « Le bien commun est d’abord un rapport à l’autre : ce rapport se construit, s’éduque, se laisse respirer ; il s’expérimente dans une classe ; il s’oppose, parfois ; il se transmet, toujours. Il est la condition d’une promesse républicaine, en ce qu’il garantit à chacun l’exercice d’une égale part de souveraineté. Il est ce qui rend possible l’affranchissement de chacun sous l’égide de la République. C’est parce que la France nous a offert cela que des hommes comme Jean-Marc Sauvé lui ont dédié une vie. »
• Serge Lasvignes : « Resserrons encore un peu la focale. Allons au saint des saints. C’est cette réunion du vendredi matin où le premier cercle du secrétariat général du Gouvernement rencontre les chefs de file du cabinet du Premier ministre sous la houlette du directeur de cabinet. La scène se passe toujours dans la bibliothèque. Unité de lieu. Enjeu de la réunion : passer en revue l’ordre du jour du Conseil des ministres pour les cinq semaines à venir.
En fait, c’est l’occasion d’une sorte de performance, dirait-on dans le vocabulaire de l’art contemporain. Un exercice d’apparence fastidieuse se transforme en récit vif, animé, en une brillante synthèse parfois caustique jamais méchante, de la vie du gouvernement et de l’activité des ministères. Le secrétaire général du gouvernement et le directeur de cabinet du Premier ministre rivalisent d’éloquence et d’à-propos. »
• Thierry Tuot : « Pourquoi ne pas faire précéder chaque loi d’une étude d’impact identifiant les solutions possibles justifiant les choix opérés évaluant les conséquences, chiffrant les coûts, donnant des indicateurs d’évaluation, fondés sur les résultats attendus ? Mais, il est vrai […] que la mesure est déjà en vigueur depuis de longues années, affectée, naturellement, d’un insuccès profond. Le Gouvernement, élu sur une promesse, aurait-il l’honnêteté de dire qu’il n’avait pas réfléchi avant de la formuler, qu’une évaluation en a montré l’inutilité et qu’il y renonce au profit d’une autre mesure dont il avait par principe écarté la mise en œuvre et que défendaient ses adversaires ? Seulement dans les romans de Lewis Carroll.
Vingt années d’échec administratif sont le sûr signe que le problème n’appelle pas des ajustements techniques que des fonctionnaires intelligents pourraient mettre en œuvre avec succès… Car derrière les apparences de l’hyperinflation normative et de la décrédibilisation de la loi qui semble en résulter, c’est une crise sociale et politique qui est à la racine du mal. »
• Christian Vigouroux : « Le secret du délibéré est un impératif qui, d’ailleurs, n’interdit pas en lui-même la publication d’opinions différentes. […] Jean-Marc Sauvé n’avait pas hésité à signer le 23 décembre 2010, conjointement avec deux collègues, une lettre de protestation au Nouvel Observateur qui avait cru possible de révéler (alors qu’il n’en savait rien) un prétendu sens du vote en délibéré contentieux. […]
D’autant que, dans le futur, quand les notes prises en délibéré pourront être consultées, alors apparaîtra la vraie vérité des délibérés et non la prétendue vérité des imaginations des commentateurs. Il reste des traces des positions de chacun. »
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