Éloge et défense du cochon

"#balancetonporc" soit, mais pourquoi le cochon ?

Bernard-Henri Lévy n’aime pas que l’on traite de porcs les hommes qui se rendent coupables d’agression sexuelle. Il l’a dit sur France Inter le 23 octobre. Mais l’« ancien nouveau » philosophe ne précise pas pourquoi. Parce que la comparaison est trop désobligeante pour l’être humain ? Ne serait-ce pas plutôt pour l’animal ?

Le pauvre « mammifère ongulé omnivore » (Le Robert), en effet, ne mérite pas un tel opprobre. Il est ce qu’il est, c’est-à-dire sale et obèse, parce que l’homme en veut ainsi lorsqu’il l’enferme dans des endroits infâmes et le bourre de nourriture pour le transformer en jambon et en saucisse.

Certes, dans la plupart des civilisations – à l’exception notable des Sino-Vietnamiens pour lesquels il est synonyme de prospérité et d’abondance –, le porc est symbole de voracité et de saleté. De perversité sexuelle aussi parfois. Dans les légendes grecques, Circé se débarrassait des hommes qui l’importunaient en les métamorphosant en porcs. Une manière, semble-t-il, de les renvoyer à leur vraie nature.

Pourtant, le porc n’est pas plus obsédé sexuel qu’un autre animal. En Occident, au Moyen-Âge, des espèces comme le bouc, l’âne, le chien sont tout autant associées à la luxure.
Verrat, au demeurant, qui désigne le mâle reproducteur, conviendrait mieux. Car le porc, souvent castré, serait bien en peine d’honorer la plus séduisante des truies.

Autre interrogation : pourquoi porc et pas cochon ? Comme le souligne l’Académie française, le premier terme se réfère avant tout à la viande, le second désigne l’animal de façon générale. En somme, le cochon est vivant alors que le porc est mort… La langue populaire en fait foi. Proverbes et expressions idiomatiques mettent généralement en scène non le porc mais le cochon (« Cochon qui s’en dédit », « Un cochon n’y retrouverait pas ses petits », « Être copains comme cochon », etc.).

Morale de cette affaire : si on cherche la petite bête, on finit par tomber sur un gros bestiau.

Dominique Mataillet

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