Bon anniversaire à Edgar Morin qui a fêté ce 8 juillet ses 100 ans ! Le célèbre sociologue avait accordé une longue interview dans le numéro 93 de La Revue pour l’intelligence du Monde qui est toujours en vente dans les librairies.
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Edgar Morin a été reçu ce 8 juillet en fin d’après midi à l’Elysée pour fêter l’événement en présence d’une centaine d’invités. « Vous êtes un homme siècle qui a pensé sa vie et vécu sa pensée , a confié Emmanuel Macron. Vous êtes un penseur universel, à la curiosité tout azimut, qui a édifié une pensée complexe de toutes les disciplines de l’esprit. Vous avez toujours été au bon endroit au bon moment pour devenir un citoyen du monde qui a enjambé toutes les frontières. (…) Vous êtes un apôtre du gai savoir qui aime manger, boire, chanter, danser… et qui n’a jamais exprimé la moindre trace de ressentiment ou de cynisme. Les passions tristes, vous les avez chassées de votre existence (…) Votre sourire irradie. (…) La République française vous exprime sa reconnaissance et son amitié et vous souhaite un très bel anniversaire. »
Avec l’humour qui lui est propre, Edgar Morin n’est pas insensible à ces honneurs. Il commente ainsi toutes les cérémonies qui sont organisées pour son siècle d’existence : « Il y a aussi déjà eu une cérémonie à l’Unesco. Il va y en avoir une à la mairie de Paris. J’en ai fait une familiale, avec mes enfants, et il y en aura une en Avignon. Il y a un peu une avalanche de cérémonies, mais cela n’arrive que tous les cent ans ! »
Edgar Morin publie son nouveau livre les « leçons d’un siècle de vie » – Editions Denoël- dans lequel malgré les constats alarmants qu’il avait déjà livrés dans nos colonnes, il garde un optimisme raisonné et appelle les jeunes à « prendre parti pour toutes les forces positives et à lutter contre toutes les forces de destruction« .
Dans une interview passionnante, émouvante accordée à France Info, il revient sur sa vie bien remplie en évoquant notamment son parcours, ses blessures d’enfant unique il revient sur son parcours, ses blessures d’enfant unique – sa mère qui avait voulu avorter est décédée quand il avait dix ans – : « Peut-être que c’est la résistance que ça m’a donné, quand j’étais un fœtus et qu’on a voulu m’avorter. C’est peut-être aussi qu’après la mort de ma mère, j’ai eu une maladie bizarre. À nouveau, j’étais envahi par des forces de mort, et mon organisme a résisté. Peut-être que tout ça a joué un rôle. Mais il y a aussi le fait que j’étais enfant unique. Ma mère avait une lésion au cœur et ne pouvait avoir d’autre enfant. Donc il y avait un rapport d’adoration mutuelle totale. ».
Sur la situation du monde actuel, il note : « Ce qui me frappe beaucoup, c’est que nous sommes à un moment où nous avons, tous les humains, nous avons une communauté de destin. Mais on est dans une telle angoisse qu’au lieu de prendre conscience de cette communauté, on se referme sur sa propre identité, ethnique, religieuse, ou nationale.«
« Je dispose encore des forces qui me donnent des envies »
On relèvera aussi ce passage sur la Covid-19 : « Cette pandémie est une sorte de répétition générale de ce que pourrait être un État, tel qu’il existe déjà en Chine, de la surveillance et de la soumission généralisée. »
Sur son âge, Edgar Morin commente avec lucidité : « Je dispose encore, du moins cérébralement, des forces de vie qui me donnent des envies, des projets, des désirs, des plaisirs. Je vis bien entendu d’une façon beaucoup plus restreinte que dans le passé. Mon audition a faibli. Mes yeux ne lisent plus les choses microscopiques. Mes jambes ne peuvent plus cavaler. Donc, si vous voulez, je sais que la mort peut arriver d’un moment à l’autre, je sais que je peux m’endormir un soir et ne pas me réveiller. Mais ça, c’est le destin humain.»
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Ainsi que ce très beau texte d’Edgar Morin publié sur les réseaux sociaux pendant la pandémie : « Je souhaite force, courage et lucidité. Nous avons besoin de vivre dans des petites oasis de vie et de fraternité. »- Lire la suite –
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