Notre chroniqueur Gérard Haddad fait partie des personnalités à qui l’on a proposé de signer le désormais fameux – et polémique – « Manifeste contre le nouvel antisémistisme » publié par le quotidien français Le Parisien. Il a refusé sans hésiter et s’en explique ici.
Le mail d’une amie m’invite à me joindre à la pétition initiée par Philippe Val dénonçant l’antisémitisme qui règne dans certains milieux musulmans. Sans hésiter, j’ai décliné l’invitation.
Hélas, je connais bien le phénomène, j’ai souffert autrefois de sa violence, en l’occasion physique, venue de personnes que je croyais amies.
Mais cette dénonciation lancée à grand bruit n’aurait de sens et de valeur que dans un minimum d’équilibre. Lutter contre le racisme ne doit pas comporter deux poids et deux mesures. Nous avons tous été bouleversés par les assassinats de Merah à Toulouse, par celui de deux pauvres vieilles dames sans défense par deux criminels qui relèvent autant de la psychiatrie que de l’islamisme. Une grande manifestation de rue a clamé sa juste indignation.
Mais comment reprocher aux Français musulmans de ne pas assez condamner ces crimes, cette pestilentielle haine qui se répand, quand dans le même temps, à Gaza, des dizaines de Palestiniens désarmés, dont deux journalistes, sont tués, que des milliers d’autres sont blessés, par des snipers qui filment leurs « exploits ». Leur crime ? Manifester contre le sort inhumain qui leur est fait. Mais ici à Paris, notre cohorte des « droits-de-l’hommistes », philosophes à ce qu’ils disent et académiciens parfois, n’ont pas un mot pour condamner ces crimes, pour protester contre l’existence de cette « prison à ciel ouvert » (l’expression est du professeur Raphael Walden) où s’entassent deux millions de personnes. Ne comprennent-ils pas, ces stars médiatiques, que ce déséquilibre dans l’émotion contribue à alimenter l’antisémitisme qu’ils dénoncent ?
L’honneur juif aura en définitive été sauvé par une actrice israélienne devenue une star d’Hollywood, diplômé d’Harvard et titulaire d’un Oscar, la belle Natalie Portman, qui venait de gagner un prix de deux millions de dollars accordé par un jury israélien. Elle refusa de se rendre à Jérusalem pour la réception de son prix afin de ne pas avoir à serrer la main de Netanyahou, responsable de cette politique. Saluons aussi les journalistes Ury Avnery et Gidéon Lévy dont ces grandes « consciences » ne parlent jamais, comme hier ils ont fait obstacle à la diffusion de l’œuvre de Leibowitz en France.
L’antisémitisme musulman reculera peut-être quand les pétitions dénonceront tous les actes inhumains commis, quelle que soit leur origine et leurs victimes. J’en veux pour preuve une ancienne conversation avec Leila Shahid qui me confia que son rapport aux juifs avait changé après avoir lu des articles de Leibowitz.
Ces pétitions là je les signerai, et des deux mains.
Gérard Haddad
Soyez le premier à commenter