Malgré les succès remportés contre le terrorisme, et même, si la situation sécuritaire s’est nettement améliorée, la Tunisie reste toujours sous la menace de ce phénomène qui a connu un essor sans précédent depuis la chute du régime du régime de Ben Ali, le 14 janvier 2011.
Alors que le parti islamiste Ennahdha savoure sa victoire dans les dernières municipales, au cours desquelles il a obtenu la plupart des grandes villes dont notamment la mairie de Tunis, que son rival Nidaa Tounes(Appel de Tunisie) est empêtré dans une crise interne marquée par une guerre larvée entre le chef du gouvernement Youssef Chahed, dont il est membre, et le fils du président qui exige sa tête, le terrorisme a violemment frappé, hier, dimanche 8 juillet, au Nord-Ouest du pays, à Ghardimaou, un village frontalier avec l’Algérie. Six membres de la garde nationale (gendarmerie) ont trouvé la mort et trois autres ont été blessés. C’est l’attaque la plus meurtrière depuis le 7 mars 2016 quand une centaine de djihadistes venus de Libye ont tenté de prendre la ville frontalière Ben Guerdane, faisant 13 morts dont des civils.
Cette attaque est intervenue sur fond de polémique après le limogeage surprise du ministre de l’intérieur, Lotfi Brahem, le 6 juin dernier, tenu pour responsable du naufrage aux larges de l’ile de Kerkennah, d’un bateau de migrants clandestins. Ce drame, rappelons-le, avait provoqué plus de 80 morts. Son remplaçant, le ministre de la justice, quoiqu’intérimaire, a révoqué une centaine de cadres de la garde nationale dont le responsable de la cellule antiterroriste.
Malgré les succès remportés contre le terrorisme, et même si la situation sécuritaire s’est nettement améliorée, la Tunisie reste toujours sous la menace de ce phénomène qui a connu un essor sans précédent depuis la chute du régime du régime de Ben Ali, le 14 janvier 2011. Des dizaines de policiers et de militaires ont été tués, et une soixantaine de touristes étrangers ont connu le même sort dans deux attentats terroristes, au musée du Bardo le 18 mars 2015 et à Sousse le 26 juin 2015, suivi d’une attaque, en novembre de la même année, à Tunis, contre un bus de la garde présidentielle qui fit une douzaine de victimes. Les trois revendiqués par le groupe État islamique, Daesh, qui a trouvé un nouveau sanctuaire dans la Libye voisine.
Les terroristes ont adopté une nouvelle tactique pour terroriser les populations et les contraindre à collaborer avec eux plutôt qu’avec les forces sécuritaires et militaires. Ils font des descentes depuis les monts où ils se terrent pour se ravitailler et pour « corriger » des habitants des collines voisines qu’ils soupçonnent d’être complices de la police ou de l’armée. La correction peut se traduire par un assassinat,…tout simplement!
Cette attaque a relancé le débat sur les causes du développement de ce phénomène, mais aussi, sur le mode opératoire dont s’est créé ce terreau fertile à un mal qui, s’il n’est pas jugulé à temps, pourrait se propager dans le corps d’un pays, naguère immunisé contre ce genre de fléau. La commission parlementaire d’enquête sur les filières de recrutement des djihadistes, créée il y a plus d’un an, n’a pas avancé dans ses investigations et ses conclusions se font toujours attendre.
Le pays, qui a connu deux assassinats politiques, en février et en juillet 2013, encore non élucidés, mais il est aussi confronté au retour des « djihadistes » des zones de conflit. Les autorités parlent de plus de 800 revenants déjà identifiés (sur les 3.000 engagés dans plusieurs fronts). Certains d’entre eux ont été traduits devant les tribunaux et placés en détention, d’autres sont mis sous surveillance.
C’en est fini de la (fragile) quiétude, et les Tunisiens sont aujourd’hui inquiets et sonnés par cet attentat que les dirigeants n’ont pas anticipé ni vu venir, malgré plusieurs alertes et les mises en gardes des autorités algériennes.
C’est la psychose en ce début de la saison touristique qui s’annonce pour l’heure encore prometteuse.
Brahim Oueslati.
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