Pour la seconde année consécutive, l’espérance de vie a reculé aux Etats-Unis. La consommation de drogues (notamment des opiacées), d’alcool et les suicides contribuent à cette baisse inquiétante sans toutefois que les autorités sanitaires ne puissent avancer d’explication claire au phénomène.
C’est le genre de données chiffrées qui passe inaperçues, bien qu’elles soient lourdes de sens. Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), un bébé chinois peut aujourd’hui espérer vivre 68,7 ans en bonne santé, contre 68,5 ans pour un petit Américain.
Certes, l’espérance de vie à la naissance, indicateur universellement admis pour évaluer le bien-être d’une nation, reste légèrement plus élevée dans le pays de Donald Trump : 78,5 ans d’un côté, 76,4 ans de l’autre. Mais, comme dans beaucoup de domaines, l’avance des Etats-Unis se réduit inexorablement d’année en année. Déjà, la longévité des Américains est en dessous de celle de la plupart des habitants des pays industrialisés, à un niveau plus proche de celui des Turcs que des Français, des Espagnols ou des Suisses.
Plus grave, et fait rarissime, l’espérance de vie aux Etats-Unis a diminué deux années de suite, en 2015 et 2016. Si l’on considère la dernière de ces deux années, seuls quatre autres pays ont connu le même sort : la Somalie, l’Afghanistan, la Géorgie et l’archipel caribéen de Saint-Vincent-et-les Grenadines.
À quoi imputer cette régression surprenante dans le pays le plus puissant du monde. À la drogue essentiellement, les opiacés en premier lieu. Responsable de plus de 60 000 décès en 2016, elle est devenue le troisième facteur de mortalité derrière les maladies cardiaques et les cancers. Lors de la campagne pour la présidentielle de 20126, Donald Trump avait promis un grand plan de lutte contre les drogues. On l’attend toujours. Le problème, il est vrai, est de taille. La désindustrialisation et les problèmes d’emploi induits ont plongé une bonne partie de la classe ouvrière américaine dans le désarroi. Quand ils évoquent les décès liés à la surconsommation de drogues – à laquelle s’ajoutent l’abus d’alcool et les suicides-, certains experts parlent des « morts du désespoir ».
Une bonne part de l’action de Trump, on le sait, vise à redonner confiance à cette catégorie de la population américaine, les « petits Blancs » pour faire court, touchée par le phénomène et qui l’a porté au pouvoir. C’est dans ce sens qu’il faut comprendre la batterie de mesures protectionnistes qui lui sert de politique.
Dominique Mataillet
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