Silence, on tue des journalistes.

Des journalistes pris en otages, tués, disparus dans des conditions mystérieuses ou encore emprisonnés en raison de leurs idées, cela fait, désormais, partie du lot quotidien. On dénombre plus de 70 reporters tués et 346 autres emprisonnés en 2018.

Une journaliste assassinée et un autre porté disparu, au cours de la semaine dernière. Le corps sans vie de Viktoria Marinova, 30 ans, journaliste dans une télévision bulgare a été retrouvé, dimanche dans un parc de la ville. Elle a été, selon le procureur régional, « frappée à la tête et étranglée ». Le jour même, les autorités turques ont annoncé que le célèbre journaliste saoudien, Jamel Khashoggi, porté disparu avait été supprimé à l’intérieur du consulat de son pays à Istanbul.

Les deux journalistes ont en commun de ne pas être en odeur de sainteté dans les hautes sphères de leurs pays respectifs. Marinova qui animait une émission sur les questions de société, avait, la veille de son assassinat, diffusé un reportage sur « des soupçons de fraude aux subventions européennes qui impliqueraient des hommes d’affaires et des élus ». Alors que Khashoggi, est un pourfendeur du régime saoudien et de son actuel homme fort, l’Emir Mohamed Ben Salmane. Entré au consulat, mardi 2 octobre, pour obtenir une attestation de divorce de sa femme saoudienne afin d’épouser une jeune turque, il n’en est jamais ressorti. Malgré les démentis des autorités saoudiennes, prince héritier en tête, la thèse de son assassinat demeure la plus plausible.

Un pourfendeur de Trump et de MBS

Khashoggi, 60 ans, le 13 octobre, est un célèbre éditorialiste saoudien. Il a été interdit d’exercer son métier de journaliste dans son pays en raison de ses critiques contre le président américain Donald Trump. Il a décidé de s’exiler dans le pays de Trump pour pouvoir le critiquer à son aise, et critiquer son jeune allié le prince héritier Mohamed Ben Salmane, MBS, dans le « Washington Post » où il collabore depuis 2017, ainsi que dans des journaux arabophones. Il est souvent sollicité par des chaines de télévision pour commenter l’actualité dans le monde et dans son pays. Sa disparition risque de brouiller les relations entre Riad, d’un côté, Ankara et Washington de l’autre. Le président américain s’est dit « préoccupé », lundi 8 octobre, du sort de Jamal Khashoggi. Mais c’est le sénateur Lindsay Graham, réputé proche de Trump, qui a interpellé, sur Twitter, les autorités saoudiennes, avec des menaces à peine voilées, en leur demandant de fournir «des réponses claires. Si les accusations portées contre les autorités saoudiennes se vérifient, cela sera dévastateur pour les relations entre nos deux pays et il y aura un prix élevé à payer ». De son côté, le président turc Recep Tayyip Erdoğan qui se trouve dans l’embarras, appelle Riad à faire toute la lumière sur cette histoire encombrante.

Un métier dangereux.

La disparition des deux journalises a suscité une vague d’indignation et de réprobation dans le monde. Ils viennent s’ajouter à plus de 70 autres tués en 2018 entre reporters(57), journalistes citoyens(10) et collaborateurs(4), selon l’organisation Reporters sans frontières, RSF. Si l’Afghanistan, pour des raisons de guerre, est le plus grand cimetière des journalistes, avec au total 15 tués, on comprend mal que les Etats Unis d’Amérique occupent la deuxième place avec six journalistes tués, même si ce n’est pas pour les mêmes motifs.  Au cours de cette même année, l’organisation a, jusque-là, recensé 346 autres journalistes emprisonnés dans le monde pour leurs activités journalistiques. La Turquie et l’Egypte se distinguent comme étant les pays où l’on emprisonne le plus de journalistes, avec 27 chacun.  D’où leur classement respectivement à la 157ème et la 161ème places dans le classement mondial de la liberté de la presse en 2018.

Des journalistes pris en otages, tués, disparus dans des conditions mystérieuses ou encore emprisonnés en raison de leurs idées, cela fait, désormais, partie du lot quotidien. Le risque du métier, dit-on…

Brahim Oueslati.

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