“Je déclare une grève de la faim pour demander l’application de la loi et pour qu’on laisse un médecin venir me voir”.
L’opposant russe Alexeï Navalny- – lire le long article que lui consacre Hélèna Perroud dans le numéro actuellement en vente de La Revue pour l’intelligence du monde- incarcéré dans une colonie pénitentiaire, vient d’annoncer sur son compte Instagram qu’il entamait une grève de la faim à partir du 31 mars.“Qu’est-ce que je peux faire d’autre ?”, se justifie-t-il. J’ai le droit de faire venir un docteur et de recevoir des médicaments. On ne me donne bêtement ni l’un, ni l’autre”.
Alexeï Navalny, 44 ans, a été transféré dans la « colonie de redressement numéro 2 » – soit « IK-2 » –, située dans la ville de Pokrov, région de Vladimir Poutine, à deux heures de Moscou. » Je dois reconnaître que le système carcéral russe a réussi à me surprendre ».
800 détenus y sont entassés.L’IK-2 est une prison « rouge », où le contrôle de l’administration est total.
Les violences physiques et sexuelles y seraient nombreuses.Alexeï Navalny, il y a quelques semaines, avait déjà décrit les conditions de sa détention : « une discipline usante, sous l’œil de caméras omniprésentes, visant à la déshumanisation. Tout le monde est sous surveillance et la moindre infraction donne lieu à un rapport ». Il indiquait alors n’avoir «subi aucune violence, pour l’heure.«
L’opposant est réveillé toutes les heures quand il dort par un gardien qui doit s’assurer de sa présence de manière sonore. Toutes les visites sont, bien sûr, surveillées et écoutées. « Trois choses continuent de me surprendre : le ciel étoilé au-dessus de nous, l’impératif catégorique au fond de chacun et l’incroyable sensation de passer sa main sur son crâne tout juste rasé« .
L’UE comme les Etats-Unis exigent la « libération immédiate » de Alexeï Navalny. Des experts de l’ONU ont réclamé une enquête internationale sur son empoisonnement.
Alexeï Navalny qui redoute de voir sa peine durcie – d’autres affaires sont en cours et seront bientôt jugées- avait passé un premier message d’espoir :« En prenant tout ça avec humour, on peut vivre ».
Les conditions semblent s’être considérablement durcies depuis. Olga Mikhaïlova, son avocate qui a pu finalement le voir ce jeudi 25 mars a déclaré que son client « souffrait de « fortes douleurs au dos et à la jambe droite (…) Je crains pour sa vie et sa santé qui est, bien sûr, extrêmement problématique. »
Sa grève de la faim est un nouveau bras de fer avec Vladimir Poutine qui pourrait rester au pouvoir jusqu’en 2036 avec une loi sur-mesure qui vient de passer.
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