A n’en pas douter, si l’absence de Bouteflika dure plus longtemps que prévu, la situation sera plus confuse encore et l’on assistera à une montée des conjectures. Reste, toutefois, deux grandes inconnues : le plan B des proches de Bouteflika et notamment son frère Said qui souffle le chaud et le froid, et le rôle de l’armée dont le chef se verrait bien dans le rôle du Sissi égyptien.
L’Algérie bouillonne et l’on ne parle que de la maladie du président de la république Abdelaziz Bouteflika, 81 ans, qui se trouve, depuis lundi 27 août, à Genève, officiellement, pour des« contrôles médicaux périodiques », comme l’ont annoncé les services de la présidence dans un communiqué rendu public par l’agence de presse officielle APS. Aucune indication sur la durée de son séjour ni sur la date de son retour au pays. Affaibli par un accident vasculaire cérébral(AVC) en avril 2013, il se trouve, depuis, cloué dans un fauteuil roulant, avec des difficultés d’élocution. Reclus dans sa résidence de Zeralda, il reçoit peu de gens et n’a pratiquement plus de contact avec ses ministres. Son état de santé a toujours fait l’objet de diverses spéculations. D’autant plus que ce n’est pas la première fois qu’il quitte le pays pour des soins médicaux, après son hospitalisation pour près de trois mois à Paris en 2013 en raison de son AVC. Il s’est, en effet, rendu plusieurs fois à l’étranger pour des contrôles périodiques.
Toutefois, le jour de son départ, Boutef, comme l’appellent ses compatriotes, a continué à faire le ménage au sein de l’armée en limogeant deux généraux, le commandant en chef des Forces terrestres, et le commandant en chef de la quatrième région militaire. Cette nouvelle révocation de hauts gradés dans la hiérarchie militaire, intervient, moins d’une semaine après celle, le 22 août courant, du général-major chef de la direction centrale de la Sécurité de l’armée (DCSA), et du contrôleur général de l’armée. Comme pour mieux assurer sa mainmise sur l’armée après avoir décapité les services de renseignement. Mais il compte encore sur la loyauté et le soutien du chef d’état-major et vice-ministre de la défense, le général major Gaid Ahmed Salah, qui a 78 ans, continue à imposer sa discipline à l’armée.
A quelque huit mois de l’élection présidentielle prévue en avril 2019, les spéculations vont bon train quant aux intentions de Bouteflika de briguer un cinquième mandat consécutif. Ses partisans multiplient les appels dans ce sens. Sa famille le pousse à se présenter pour préserver ses intérêts. Ce qui demeure fort probable.
Mais parallèlement à ces appels, des personnalités du monde politique et des milieux intellectuels, ont déjà tenté d’aviser le président contre toute tentation de briguer un nouveau mandat. Dans une lettre qu’elles lui ont adressée fin mai dernier, elles l’ont interpellé, « en faveur de la seule et unique décision qui puisse ouvrir une ère nouvelle pour le pays, où l’intérêt général sera mis au-dessus de l’intérêt des hommes : votre renoncement au cinquième mandat » qui, selon les signataires « serait un calvaire pour » lui et « pour le pays ». Comme arguments, ils ont avancé son « âge avancé » et son « dramatique état de santé » qui lui commandent « de ne plus s’occuper des charges de l’Etat bien trop lourdes ».
A n’en pas douter, si l’absence de Bouteflika dure plus longtemps que prévu, la situation sera plus confuse encore et l’on assistera à une montée des conjectures. La liste des prétendants est déjà longue et comprend, entre autres, d’anciens premiers ministres. Elle pourrait s’allonger davantage, au fur et à mesure de l’allongement de la durée de l’hospitalisation du chef de l’Etat. Reste, toutefois, deux grandes inconnues : le plan B des proches de Bouteflika avec notamment son frère Said qui souffle le chaud et le froid, et le rôle de l’armée dont le chef se verrait bien dans le rôle d’un Sissi en Egypte.
Brahim Oueslati
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