« Souriant et apaisé, je vous dis au-revoir ! »
C’est le nouveau message que vient de poster sur sa page Facebook Axel Kahn, le président de la ligue contre le cancer qui se sait condamné par cette maladie :
LE BOUT DU CHEMIN.L’attitude face à la mort lorsqu’elle n’est pas d’actualité est très diverse selon les êtres. La plupart des gens jeunes en exorcise jusqu’à l’idée, ce qui constitue une mesure d’auto protection efficace. Cette insouciance de la mort est à peine entamée par les deuils des anciens, rangés dans une autre catégorie que les vivants. Certains à l’inverse vivent dans la terreur de la camarde qui jette son ombre sur leur vie entière.Les métiers de la mort ( pompes funèbres, fossoyeurs, notaires…) la banalisent et s’en dissocient en général. De même les soignants et médecins. Je suis dans ce cas, la mort m’est habituelle depuis si longtemps, elle ne m’obsède pas. Il n’empêche, j’ai depuis longtemps la curiosité de ce que sera mon attitude devant la mort. Il y a ce que l’on désir qu’elle soit et ce qu’elle est. Des croyants sincères qui ne doutent pas du royaume de Dieu sont submergés par la terreur lorsqu’elle s’annonce. Tel n’est pas mon cas. Je vais mourrir, bientôt. Tout traitement à visée curative, ou même frénatrice, est désormais sans objet. Reste à raisonnablement atténuer les douleurs. Or, je suis comme j’espérais être : d’une totale sérénité. Je souris quand mes collègues médecins me demandent si la prescription d’un anxiolytique me soulagerait. De rien, en fait, je ne ressens aucune anxiété. Ni espoir – je ne fais toujours pas l’hypothèse du bon Dieu -, ni angoisse. Un certain soulagement plutôt. Selon moi, limiter la vie au désir de ne pas mourir est absurde. J’ai par exemple souvent écris que lorsque je ne marcherai plus, je serai mort. Il y aura un petit décalage puisque je ne marche plus, mais il sera bref. Alors, des pensées belles m’assaillent, celles de mes amours, de mes enfants, des miens, de mes amis, des fleurs et des levers de soleil cristallins. Alors, épuisé, je suis bien. Il a fallu pour cela que je réussisse à « faire mon devoir », à assurer le coup, à dédramatiser ma disparition. À La Ligue, j’ai le sentiment d’avoir fait au mieux. Mon travail de transmission m’a beaucoup occupé, aussi. Je ne pouvais faire plus. Je suis passé de la présidence d’un bureau national de La ligue le matin à la salle d’opération l’après-midi. Presque idéal. Alors, souriant et apaisé, je vous dis au revoir, amis. Axel le loup.
Il y a quelques jours, Axel Kahn le Président de la Ligue contre le cancer avait lui-même annoncé être malade du cancer: « Je lutte contre le cancer et il se trouve que la patrouille m’a rattrapé : moi aussi, j’ai un cancer. Par conséquent, je vais mener deux combats : un qui est personnel, totalement personnel, que je vais mener seul ; mais puisqu’il me reste un peu de temps, je vais essayer d’optimiser ce temps qui me reste. (…) Je veux finir toute une série de réorganisations fondamentales pour mieux lutter contre le cancer, avoir plus de moyens, mieux aider les personnes malades. Profiter des jours qui viennent pour dire à chacun des leaders “aidez-moi, continuez mon combat, je compte sur vous”. Notre combat contre le cancer est juste, notre combat pour les personnes atteintes du cancer est éminemment juste. »
Axel Kahn – le petit frère de Jean-François Kahn- indique avoir été obligé de se mettre en retrait de la présidence effective de la Ligue : « si j’ai été obligé de quitter la présidence effective de la Ligue, c’est que les raisons ont été importantes. On ne sait jamais de quoi l’avenir sera fait. Étant moi-même cancérologue, le plus probable est que je sois en train de parcourir l’itinéraire final de ma vie. »
Axel Kahn, médecin, généticien et essayiste, auteur de Et le bien dans tout ça ? (Stock) évoque avec lucidité cette dernière étape de sa vie qu’il aborde sereinement : « il me reste un peu de temps, je vais essayer d’optimiser ce temps qui me reste. (…) C’est intéressant comme expérience : on ne vit qu’une seule fois, puisqu’ensuite on est mort. Je me demandais quelle serait mon attitude en m’approchant de la mort : voilà, je m’en approche, et je le vis. Je ne le fais pas en chantant, j’aime la vie. Mais je ne le fais pas non plus dans la terreur, je le fais avec détermination. C’est une période très importante de ma vie. J’ai souvent dit que personne n’est autre chose que ce qu’il fait : imaginons qu’il me reste trois ou quatre semaines à pouvoir faire, alors le choix de ce que je fais, la manière dont je le fais, sont plus importants que jamais. »
Et Axel Kahn de citer Oscar Wilde : “je veux faire de ma vie un chef-d’œuvre”: Le défi personnel que je me lance, c’est que j’aimerais que ma mort soit un chef d’œuvre. »A 76 ans, Axel Kahn fait le bilan d’une vie heureuse : »Qu’est-ce que le bonheur ? C’est le moment à partir duquel vous vivez ce que vous espériez vivre. Où il y a adéquation entre le ressenti de votre vie et ce que vous espériez. Mort ou pas mort, j’ai été intensément heureux ! »
Axel Kahn ne croit pas à une vie après la mort, mais il émet un souhait : « Après la mort, il n’y a rien, mais il y a peut-être le souvenir que vous pourrez garder de moi, et ça c’est une forme d’immortalité. »
#axelkahn, #cancer,
Réactualisé :
Axel Kahn a témoigné du combat qu’il mène en se confiant à BFM TV. Extraits :
- « Je n’ai pas réfléchi longtemps, je suis à l’hôpital, il y avait d’ultimes examens à faire, et on pouvait envisager un traitement spécifique, destiné à freiner la maladie, ou alors c’était sans intérêt de tenter. In fine, les examens montrent que c’est sans intérêt, on va me soigner, me soulager, mais ces mesures seront pour me permettre d’avoir le meilleur confort de vie possible jusqu’à ce que la vie me quitte. Cette décision étant prise, il était normal que je l’annonce en dédramatisant ».
- « Ma compagne a eu plus de mal, c’est une femme d’un très grand courage, elle ne se projette pas encore dans les moments difficiles après que je ne sois plus, mais dans ce qu’il faut faire pour m’accompagner au mieux. (…) Je souhaite être enterré dans cette propriété, dans « un cercueil de sapin » comme « un soldat mort au combat. »
- « Je n’ai pas laissé grand-chose au hasard, J’ai même anticipé les conditions du repas, comme on est en Champagne, il faut boire du champagne, c’est le breuvage normal. Je ne leur demande pas un bal, mais une réunion familiale gaie et engagée »
- « Je veux éloigner pour tous les autres qui malheureusement succomberont, il n’y a pas de terreur à avoir, on peut affronter la mort avec ce sourire ironique, pas avec joie, mais avec ce fatalisme, ce défi, et il y a des moments qui sont des moments de joie, de bonheur intense, alors même que l’on sait qu’on va mourir quelques semaines après. Je veux en témoigner pour toutes les personnes malades, qui sont terrorisées. C’est la fin de votre parcours, mais la fin de tous les parcours est délicate, il faut que vous exigiez que votre douleur soit soulagée »
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