Min Aung Hlaing a réussi à s’emparer, ce 1er février, par la force du pouvoir en Birmanie, le « royaume aux mille pagodes ». Le coup d’État mené par l’armée a permis d’arrêter la cheffe du gouvernement civil Aung San Suu Kyi.« L’autorité en matière de législation, de gouvernance et de juridiction est transférée au commandant en chef », a décrété le communiqué des putschistes, qui impose un « état d’urgence » d’un an.
Le général, Min Aung Hlaing, 64 ans qui devait partir à la retraite en juillet prochain est donc le nouvel homme fort. Il rêvait de prendre une revanche sur la dame de Rangoon.
Militaire redouté, bien introduit, il était devenu commandant en chef en 2011, et n’a jamais caché son intention de maintenir les prérogatives de l’Armée dans les rouages politiques. L’ancien officier d’infanterie est désormais à la tête de ce pays de 54 millions d’habitants, piétinant le « printemps birman » à l’œuvre depuis 2011.
Sophie Boisseau du Rocher, spécialiste de la Birmanie confie au Huffington Post : « À travers son ambition personnelle, il défend les intérêts de l’Armée”.
Le nom du général, Min Aung Hlaing, est associé à des affaires de corruption et à la répression sanglante contre les Rohingyas. Le « senior general » (son titre officiel) est devenu en 2009 « l’étoile montante de l’armée » après avoir réprimé une guérilla dans la région de Kokang, à la frontière est du pays, provoquant l’exode de 37 000 personnes. Les Etats-Unis refusent désormais de l’accueillir et le Trésor américain a également gelé ses éventuels avoirs et interdit aux ressortissants américains de conclure des transactions avec lui. Il est banni à vie de Twitter et Facebook.
Il s’agit du troisième putsch depuis l’indépendance en 1948. L’armée avait dénoncé des irrégularités lors des élections législatives de novembre 2020 remportées par la Ligue nationale pour la démocratie d’Aung San Suu Kyi avec plus de 80% des suffrages. – Le Parlement devait entamer sa première session cette semaine- L’armée bénéficie automatiquement de 25% des sièges, mais le parti qui lui est allié a subi un sévère revers. Et avant même ce coup d’État de ce lundi, Min Aung Hlaing détenait les clés de trois ministères : la Défense, les Affaires frontalières et les Affaires internes. Il concentre désormais l’intégralité des pouvoirs entre ses mains.
Les militaires assurent vouloir rester en place pendant un an. «On revient dans la pire situation des années 80. C’est très grave”, estime Sophie Boisseau du Rocher. La dernière fois que l’armée birmane avait renversé un gouvernement civil, c’était en 1962 et elle est restée au pouvoir pendant 50 ans ! ».
Les positions et soutiens de la Thaïlande et de la Chine dans les semaines à venir seront déterminants. – C’est dans l’État d’Arakan qu’est installé un gazoduc chinois- “Il est évident que la haute hiérarchie militaire, et donc Min Aung Hlaing, est courtisée par la Chine, poursuit, Sophie Boisseau du Rocher. Les militaires devront, cependant, réussir à s’allier avec les moines du pays et les institutions religieuses. »
Engagé dans l’armée depuis l’âge de 18 ans – il a fait deux ans de droit- Min Aung Hlaing a gravi les échelons lentement, mais sûrement. « Ce n’était pas quelqu’un qui ressortait du lot dans l’armée birmane. » Sa chance fût se retrouver dans la division 88 de l’infanterie légère, qui était commandée à l’époque par un certain colonel Than Shwe. Min Aung Hlaing en fait son mentor et a continué sa carrière dans l’ombre de celui qui, à partir 1992, est devenu le chef de la Junte militaire. Ce dernier a fait de Min Aung Hlaing son successeur et le premier chef d’une armée de l’ère post-junte militaire.
Pour Min Aung Hlaing, l’heure de la retraite attendra Et ceux qui pensaient être bientôt débarrassé de lui devront patienter encore..
N.P
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