Blindés contre avions : le choix des Belges.

Le président Macron « regrette très profondément » la décision du gouvernement belge de commander des avions de combat F35 américains plutôt que des Rafale français ou des Typhoon européens. On peut, comme lui, le regretter. Mais peut-on sérieusement reprocher ce choix aux autorités belges ?

Le F35 est-il un avion sans défaut ? La réponse est clairement non. Premier défaut : il vire mal. En combat aérien – à la Guynemer ou à la Closterman – , où il faut se placer derrière l’appareil ennemi pour l’abattre à la mitrailleuse ou au canon, il perdrait presque à coup sûr contre le Rafale ou le Typhoon. Est-ce grave ? Pas vraiment. En dehors des exercices il n’y a plus de combats de ce type (dogfight) entre avions de chasse. Tout dépend aujourd’hui des performances des radars et des missiles. Déjà pendant les deux guerres du Golfe il n’est pas sûr qu’un seul pilote irakien ait vu un avion américain avant d’être abattu!

Deuxième défaut : le F35 est parfaitement inadapté à l’appui au sol. Là encore son manque de manœuvrabilité est grave et sa capacité d’emport reste médiocre. Ses concurrents européens sont un peu moins mauvais. Mais eux aussi ne peuvent guère tirer que sur des objectifs fixes ou bien sur des cibles éclairées par un observateur extérieur. Un seul avion – le A 10 américain – aurait été bien meilleur dans ce domaine, mais il ne répondait pas du tout aux autres spécifications de l’appel d’offres.

Troisième défaut : le prix. Le F35 est cher il est vendu aux alentours de 100 millions de dollars l’unité. S’il avait été retenu Dassault aurait sans doute fait un peu mieux car il ne fait pas payer les coûts de développement et d’industrialisation à ses acheteurs. Ils ont déjà été acquittés par le contribuable français.

A côté de ces défauts, le F35 possède un avantage exceptionnel : dans sa version de base il emporte son armement dans des soutes internes alors que ses concurrents ont leurs bombes et leurs missiles accrochés sous les ailes. Et il n’est pas nécessaire d’être un grand aérodynamicien pour comprendre qu’avec une trainée plus faible son rayon d’action sans ravitaillement est bien meilleur. Et puis, surtout, cette caractéristique lui permet d’être « furtif » c’est-à-dire très peu détectable par les radars terrestres ou aériens classiques. Au retour de mission, le Rafale est un peu furtif, mais à l’aller avec toutes ses armes qui pendent sous ailes il n’a rien pour éviter de se faire repérer.

Autre avantage majeur pour les Belges : leurs voisins Néerlandais ainsi que les Italiens, les Britanniques et les Norvégiens ont déjà acheté des F 35. Les possibilités de coopération opérationnelles et logistiques sont ainsi multipliées. On peut noter aussi que le F 35 est construit pour une part significative en Europe et particulièrement en Italie. Avec ce choix des Belges, l’Europe de la Défense n’est donc pas totalement perdante.

Même la France n’y perd peut-être pas ! Qui peut affirmer que dans l’esprit des Belges il n’y a pas eu cette idée : « En n’achetant pas des Rafale on va voir Macron regretter notre choix alors, pour compenser, on va lui commander des blindés »

1,5 milliards d’euros tout de même !

Etienne Copel.

 

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