Bons et méchants

Iran, Irak, Syrie, Kurdistan… Lorsqu’il s’agit de distinguer des « bons » et des « méchants », des alliés et des ennemis, il n’est pas toujours facile de s’y retrouver. Le général Copel s’y essaie en faisant appel à l’histoire récente.

L’Iran est un pays merveilleux : ses paysages sont splendides, son passé sans égal… et surtout ses habitants rayonnent d’une chaleur humaine incroyable. Certes, le régime théocratique mis en place au moment de la chute du Shah ne correspond guère à mon idéal, mais il est nettement moins intolérant que celui de la plupart de ses voisins. Etre chrétien à Téhéran ne pose aucun problème.

L’Iran a subi, en 1980, l’attaque de l’armée irakienne de Saddam Hussein. La guerre dura huit ans et fit près d’un million de morts. L’Irak était alors soutenu plus ou moins officiellement par la plupart des pays occidentaux. L’Iran fut encore une victime dans l’affaire de son supposé programme nucléaire militaire. Des fausses preuves furent inventées par Israël et reprises par les Etats-Unis pour lui imposer de très lourdes sanctions. Grâce au président Obama, ces sanctions furent à peu près levées. Mais voilà que Donald Trump, reniant les engagements de son prédécesseur, vient de les rétablir.

Victime : l’Iran l’est sans conteste. Seulement victime ? Non : ce serait trop simple. Trop beau. Le soutien politique, financier et surtout militaire de Téhéran à Bachar el Assad n’est, pour moi, pas excusable.

Les Kurdes : soudés par la langue, la culture, la soif de vivre ensemble, ils sont cependant éparpillés sur les territoires de quatre pays, qui les maintiennent à peu près tous dans une position de citoyens de deuxième zone. Habitués à se battre pour résister à l’oppression, les Kurdes ont fourni une aide essentielle pour encercler les combattants de Daesh. Grâce à eux la frontière entre la Syrie occupée par l’Etat islamique et la Turquie est redevenue étanche et les combattants de Daesh, asphyxiés, ont perdu militairement la partie.

Les Kurdes : des victimes ? Sûrement. Des alliés ? Sans nul doute. Mais pourquoi soutiennent-ils si souvent Bachar el Assad ?

Le prophète Manès n’était pas, parait-il, manichéen. Mais les hommes aiment bien les jugements tranchés, les opinions claires. Le bien et le mal. Les bons et les méchants. Au Moyen-Orient « compliqué » comme disait de Gaulle, il y a un « tout méchant » : Bachar, mais il n’y a pas de « tout bons ».

Sauf les populations affamées, déportées, écrasées et même oubliées.

Etienne Copel

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