Le Royaume-Uni et l’Union européenne ont trouvé la semaine dernière un terrain d’entente sur les modalités de leur séparation. Quelles en seront les conséquences commerciales ?
Après l’accord qui vient d’être obtenu à Bruxelles sur la première phase des négociations du Brexit, on nous explique d’un côté qu’il n’y aura aucun retour à une frontière « dure », avec douanes et contrôles, à la limite entre les deux Irlande et par ailleurs on nous affirme qu’il n’y aura, bien sûr, aucune « ligne rouge », aucune red line, en mer entre l’Irlande du Nord et le reste du Royaume-Uni.
Comment ne pas en déduire que, Brexit ou non, les marchandises circuleront librement entre le Royaume-Uni et la République d’Irlande c’est-à-dire entre la Grande-Bretagne et l’Union européenne. Il y aura donc, au minimum, une zone de libre-échange entre les Etats de l’UE et le Royaume dit Uni.
Mais dans une zone de libre-échange, s’il n’y a pas de tarifs douaniers internes, chaque Etat a le droit de fixer à sa guise ses propres tarifs douaniers vis-à-vis des pays tiers. En l’occurrence, c’est ce que souhaitent les Brexiters, c’est-à-dire les Britanniques favorables au Brexit, afin de pouvoir négocier leurs propres règles douanières avec, par exemple, les Etats-Unis. Dans ce cas de figure, une voiture américaine arrivant à Dublin en Eire n’aurait pas les mêmes droits de douane à acquitter que si elle était débarquée à Belfast en Ulster donc au Royaume-Uni. Mais, comme elle passerait sans droit de douane de Dublin à Belfast, les coûts d’acquisition différents donneraient lieu à de multiples trafics. Seule bonne solution : avoir des tarifs extérieurs communs c’est-à-dire passer de la simple zone de libre-échange à la deuxième étape de l’intégration: l’Union douanière. A priori, les partisans du Hard Brexit s’y opposeront, mais avec les engagements pris sur l’absence de frontière entre les deux Irlande je ne les imagine pas pouvoir gagner.
Si, officiellement ou pratiquement, l’UE et la Grande Bretagne étaient liés par une Union douanière il n’y aurait plus qu’à proclamer la libre-circulation des personnes, des services et des capitaux pour ensuite passer à la troisième étape de l’intégration : le marché commun. La City, très consciente de la nécessité de commercer le plus librement possible avec les pays européens du continent, poussera sans doute pour une grande liberté de circulation des capitaux. En revanche, la libre circulation des personnes et des services, qui implique que chacun a le droit non seulement de circuler mais de s’implanter dans l’espace concerné, ne sera sûrement pas admis par la Grande-Bretagne puisque c’est la grande requête des « Brexiters » : « plus de plombiers polonais chez nous. »
Entre l’UE et le Royaume-Uni il est probable que l’on arrivera à un degré d’intégration plus poussé que celui d’une simple union douanière sans atteindre pour autant celui d’un marché commun.
En tout cas, le risque d’un Brexit dur rendant sa pleine liberté au Royaume Uni est mort la semaine dernière à Bruxelles.
Etienne Copel
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