Déjà cinq fois malheureux (1994, 1998, 2006, 2010 et 2026) dans sa course à l’organisation de l’épreuve phare de la FIFA, le Maroc réfléchit à une nouvelle candidature pour le Mondial 2030, mais commune avec l’Algérie et la Tunisie…
Ce dimanche 15 juillet 2018, le rideau tombera sur la 21ème édition de la coupe du monde de football, avec soit un deuxième sacre pour la France après celui de 1998, soit une première victoire de la Croatie qui a surpris tout le monde en éliminant le pays organisateur, la Russie, avant de se défaire en demi-finale de l’Angleterre. L’édition suivante se déroulera, en 2022, pour la première fois dans un pays du Golfe, le richissime émirat gazier du Qatar. La 23ème édition de la coupe Jules Rimet, aura lieu, en 2026, dans trois pays différents, les Etats Unis d’Amérique, le Mexique et le Canada, une première dans les annales de la compétition. Elle verra, selon le président de la FIFA, la participation de 48 équipes au lieu de 32 actuellement.
Les trois pays « américains » ont damé le pion au Maroc qui a échoué, pour la cinquième fois, dans sa tentative d’obtenir cet honneur. Mais le royaume de Mohamed VI n’en démord pas et ne s’avoue pas vaincu. Il a, déjà, annoncé son intention de présenter, de nouveau, sa candidature pour l’organisation du Mondial 2030. Du coup, l’idée d’une candidature maghrébine commune des trois pays de la région, le Maroc, l’Algérie et la Tunisie a été lancée. C’est un député Tunisie, Riadh Jaidane, qui a appelé les trois gouvernements à présenter « une candidature conjointe pour l’organisation de la Coupe du Monde 2030 afin de permettre à l’Afrique et au Maghreb d’organiser l’édition du centenaire de la Coupe du Monde de football ». Depuis, l’idée a sérieusement fait son chemin et semble avoir acquis l’approbation des décideurs. L’Algérie, qui est en froid avec son voisin marocain, a été pourtant la première à réagir par la voix de son ministre de la Jeunesse des Sports, Mohamed Hattab, apportant son soutien à une candidature commune des trois pays maghrébins. De son côté, le président de la fédération tunisienne de football(FTF), Wadii El Jery s’est dit ouvert à cette proposition, bien que la Tunisie n’ait reçu, selon lui, aucune proposition officielle. De son côté, le secrétaire général de l’Union du Maghreb, l’ancien ministre tunisien des affaires étrangères Taieb Baccouche s’est engagé à promouvoir cette candidature commune.
Les trois pays ont, pratiquement, toujours été présents dans les phases finales de la coupe du monde. Et si lors de ce Mondial russe le Maroc et la Tunisie sont rentrés bredouilles après leur élimination dès le premier tour, leurs équipes nationales ont brillé dans de précédentes compétitions. Le Maroc, qui compte six participations en coupe du monde, a été la première nation maghrébine à faire son apparition dans une phase finale en 1970. Elle a brillé au cours du mondial mexicain en 1986 en accédant au second tour. La Tunisie, qui compte cinq participations, est entrée dans l’histoire en signant en 1978, la première victoire africaine au Mondial argentin qui comptait alors 16 participants uniquement. Elle avait battu le Mexique par 3-1. De son côté, l’Algérie qui compte le même nombre de participations, a réédité cet exploit en 1982 en Espagne en battant le futur finaliste, l’Allemagne par 2-1. Sur le plan africain les trois pays ont remporté chacun une coupe d’Afrique des Nations, mais leurs clubs dominent les compétitions africaines, notamment la ligue des champions.
Toutefois, si tout ou presque plaide pour une candidature commune, le climat politique entre les trois pays qui n’est pas au beau fixe, risque de plomber ce fol espoir. L’Union du Maghreb Arabe(UMA) annoncée en fanfares le 17 février 1989 à Marrakech, se trouve depuis 1994, en panne en raison notamment du conflit du Sahara occidental qui envenime les relations algéro-marocaines, déjà rompues. Or, d’aucuns pensent qu’une candidature commune pourrait créer un véritable déclic pour cette union tant rêvée mais jamais réalisée. Elle se ferait par le sport dont la diplomatie est parfois plus agissante que la diplomatie classique. Le sport, en général, et le football, en particulier, demeure un facteur d’union. Il favorise la consolidation des rapports entre les pays ainsi que l’intégration des populations d’une même aire géographique et culturelle.
Loin des méandres de la politique et là où les dirigeants ont échoué dans la réalisation de cette union maghrébine qui se fait toujours attendre, le football pourrait y contribuer …, largement.
Brahim Oueslati
Soyez le premier à commenter