Deux expositions sur Picasso se tiennent en ce moment à Paris. Heureux Parisiens qui peuvent ainsi admirer des tableaux du plus grand, sans conteste, peintre du XXème siècle ! L’une se tient au Musée Picasso « Les chefs d’œuvre » du maître dit l’affiche, l’autre au musée d’Orsay sur les périodes bleues et roses.
J’ai choisi de me rendre au Musée Picasso pour apaiser ma curieuse nostalgie de l’incroyable tableau « Les demoiselles d’Avignon », icône de l’art du XXème siècle.
Première surprise à mes premiers pas, un tableau jamais vu, peint par l’artiste à l’âge de 15 ans !, « La science et la charité ». Une perfection de réalisme, les souvenirs du Greco ou de Goya se devine dans les traits du malade. Un chef d’œuvre déjà. Un tableau qui aurait pu n’être qu’un ennuyeux exercice académique et qui vous émeut profondément. A l’évidence le gamin Pablo promettait.
Deuxième surprise, les « Demoiselles » ne sont pas là. On leur interdit désormais de quitter New York où elles ont fixé résidence. A la place du tableau, une tapisserie de même format, reproduisant l’original, magnifique il faut le reconnaitre, à tel point que Picasso disait qu’elle était plus belle que l’original et qu’il en possédait une copie. Rockefeller aussi. Mais surtout, j’apprends deux choses : qu’avant de peindre son œuvre révolutionnaire, le peintre avait fait plusieurs centaines d’étude et de dessins, 800 dit-on. Ce qu’on ignore c’est la quantité de travail que renferme tout chef d’œuvre.
Et surtout, j’apprends qu’à la vue de ce tableau, un certain nombre de spécialistes ont poussé des cris d’horreur. « C’est comme si on me faisait boire du pétrole » a dit l’un d’entre eux. Des noms ? Je vous les donne. Braque et Matisse, pas moins, deux des plus grands noms de la peinture du XXème siècle ! Deux amis ! Braque surtout, peintre cubiste s’il en est.
Dépité, Picasso a démonté le tableau et enroulé sa toile qui restera en cet état pendant 20 ans ! Aujourd’hui, l’œuvre est si précieuse que le musée de New York refuse de la prêter. Créateurs ! Méfiez-vous de l’avis de vos amis et des spécialistes.
Une jolie scène me réjouit avant de quitter ce beau musée. Une volée d’enfants assis par terre, silencieux, écoutant avec intérêt les explications de leur maîtresse qui leur analyse une autre œuvre. Ils semblent mieux la comprendre et l’apprécier que Braque, peintre que j’aime par ailleurs, devant les Demoiselles. Il est vrai que les créateurs ont une âme d’enfant. Il n’est pas facile de la conserver.
Gérard Haddad.
Musée Picasso
www.museepicassoparis.fr
5 rue de Thorigny, 75003 Paris
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