Lorsqu’un missile anti-missile de nouvelle génération « hit to kill » (toucher pour tuer) percute un missile balistique assaillant l’énergie délivrée à l’impact est équivalente à celle d’un camion de 10 tonnes qui viendrait se pulvériser contre une falaise à une vitesse de 1000 km/h ! Inutile de préciser que le missile assaillant ne survit pas à un tel impact. Le tout est de réussir cette interception.
Les industriels qui fabriquent ces missiles disent souvent que la précision nécessaire est équivalente à celle qu’il faudrait pour qu’une balle de fusil vienne en détruire une autre en plein vol.
Depuis la fin de la guerre froide et les débuts de la défense anti-missile autour de Moscou, toutes les grandes puissances ont dépensé des sommes considérables pour se protéger contre les attaques de missiles balistiques. Les Etats-Unis à eux seuls ont déjà investi plus de 200 milliards de dollars à cette fin. Maintenant ils collaborent avec les Japonais pour mettre en service une défense anti-missile, dite de théâtre, afin de protéger l’Empire nippon, Taïwan et leurs flottes de guerre contre d’éventuelles attaques balistiques chinoises ou nord-coréennes.
De nombreux essais, fructueux ou non, ont déjà été effectués. Si l’on en croit Raytheon, le dernier essai effectué, fin octobre, par son nouveau missile « SM-3 Block IIA » est tellement satisfaisant que la phase de développement va bientôt céder la place à la production en série. Ce missile lancé contre un missile tiré d’Hawaï à partir du destroyer USS John Finn a montré qu’un navire pouvait détecter un missile assaillant, analyser sa trajectoire et l’intercepter. Bien sûr, la surface susceptible d’être protégée par un navire (ou une installation à terre) équipé de ce missile n’est pas annoncée, il est toutefois logique de penser qu’elle s’exprime en milliers de kilomètres carrés.
Ce succès est manifestement une bonne nouvelle pour la marine américaine. Dans quelques dix ans tout au plus sa flotte en mer de Chine sera protégée contre les missiles balistiques chinois à courte et moyenne portée. Est-ce une raison pour penser que ses porte-avions vont redevenir invulnérables ? Sûrement pas !
En effet, plus les années passent plus se vérifie la règle suivant laquelle dans la guerre moderne tous les objectifs détectés ont vocation à être détruits. Or, rien n’est plus facile à détecter qu’un porte-avion dont les signatures, visuelle, radar et sonore sont sans égales. Les porte-avions se protègent sans doute de mieux en mieux contre les attaques traditionnelles : avions lance-missiles, vedettes ou sous-marins lance-torpilles, mais de nouvelles menaces apparaissent : sous-marins sans pilote « intelligents », essaims de mini-drones et même missiles balistiques, pour peu qu’ils arrivent en nombre suffisant pour saturer des défenses, même aussi futées que celles susceptibles d’être mises en place par Raytheon !
Le porte-avion est et restera le navire de combat vedette de la deuxième guerre mondiale. Paix à son âme !
Etienne Copel.
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