Deux westerns sans cow-boys (ou presque) et sans indiens

Ce n’est un secret pour personne que notre collaborateur Jean-Louis Gouraud éprouve une passion pour les chevaux. Au point de ne vouloir rater aucun film dans lequel apparaît, ne fût-ce qu’un instant, un spécimen de ce noble animal. Dans le numéro 77 de La Revue (actuellement en vente), il rend ainsi compte dans sa chronique au titre bien choisi («  La bride sur le cou  ») de quatre longs métrages récents dans lesquels les chevaux jouent un rôle sinon principal, du moins important  : Hostiles (de Scott Cooper), Horse Soldiers (de Nicolai Fuglsig), 3 Billboards (de Martin Mc Donagh) et Centaure (de Aktan Arym Kubat). Mais, depuis lors, deux autres westerns (si l’on peut dire) sont sortis sur les écrans. Et, naturellement, Jean-Louis Gouraud s’est empressé d’aller les voir. Il dit ici ce qu’il en pense.

Dans The Rider, un jeune cow-boy («  un quart sioux lakota  » précise-t-il) de 23 ans, Brady Jandreau tient son propre rôle  : éleveur de chevaux, dresseur de broncos et cavalier de rodéo. Comme cela lui est réellement arrivé dans la vraie vie, et comme cela est à peu près inévitable quand on se livre aux folles exhibitions équestres dont on raffole au fin fond de l’Ouest américain, un jour, c’est l’accident. Il tombe de cheval et se fracasse le crâne…

Le hasard fait que la jeune réalisatrice (d’origine chinoise) Chloé Zhao tourne alors, au même moment, un film aux environs, dans le Dakota du Sud. Séduite par la personnalité de Brady, elle lui propose de tirer un film de sa mésaventure, en la dramatisant un peu  : alors qu’en réalité il s’est heureusement remis de son accident et a pu reprendre ses activités, la réalisatrice lui fait jouer la tragédie d’un garçon qui ne pourra plus jamais remonter à cheval, ce qui fait perdre tout son sens à sa vie. Au point de l’amener à regretter de n’être pas mort sur le coup. Dans un moment clé de ce beau film sobre et pudique, le jeune homme, habituellement fort économe de ses paroles, parvient à formuler sa détresse  : «  Quand un cheval est atteint comme je le suis, on l’abat, dit-il. Alors que moi, me voilà obligé de vivre  ».

Pas drôle non plus, l’autre film, La route sauvage, est lui aussi une sorte de western, dont le héros est également un tout jeune homme, sauf qu’ici l’interprète, Charlie Plummer est, malgré son âge (19 ans), un comédien chevronné, ayant déjà participé à une bonne douzaine de tournages. Et si, comme pour le film précédent, l’histoire se déroule bien dans l’Amérique profonde, le réalisateur n’est pas ici non plus un Américain mais un Britannique, Andrew Haigh. Ce qui donne à son récit une tonalité plus européenne  : pas étonnant, que le film m’ait fait un peu penser au roman mélodramatique de Hector Malot, Sans famille (1878), qui raconte l’histoire d’un pauvre gosse vendu à un artiste ambulant qui connaîtra un vie misérable de vagabondages au cours de laquelle il subira mille aventures et exercera mille métiers.

Le héros de La route sauvage, lui, veut devenir footballeur, mais, pour survivre, accepte un job de palefrenier chez un lamentable entraîneur de chevaux de course. Se produit alors l’inévitable  : le gamin tombe amoureux des chevaux, et notamment de celui dont l’entraîneur veut se débarrasser car il ne remporte plus aucune compétition. Pour lui épargner le triste sort qui l’attend (la boucherie), le jeune garçon s’enfuit avec le cheval. Commence alors une longue errance émaillée à chaque étape de graves emmerdements. Les amateurs de belles histoires tristes ne seront pas déçus, car tout cela, naturellement, finira mal.

Jean-Louis Gouraud

Soyez le premier à commenter

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*