Les bonnes nouvelles concernant la planète sont rares. Très rares. Le réacteur EPR de l’unité 1 de la centrale nucléaire de Taishan, dans la province du Guangdong dans le sud de la Chine, est entré en service commercial le 13 décembre. Ça peut marcher…
En 2017, les émissions de gaz à effet de serre loin de décroitre ont augmenté de 2%. Cette même année, la consommation de charbon qui aurait dû amorcer une décrue importante a encore augmenté de 1%! La Turquie, l’Inde, la Russie, la Chine, les Etats-Unis, la Pologne sont montrés du doigt mais cela ne sert pas à grand-chose. Quand un pays produit du charbon ou de la lignite à bon marché il est difficile de lui faire comprendre qu’il doit acheter à l’étranger une source d’énergie plus chère avec des devises que souvent il n’a pas.
Lors de la COP 24, qui vient d’achever ses travaux en Pologne, les experts ont souligné l’intérêt majeur qu’il y a à viser 1,5 degré d’augmentation de température avant la fin du siècle plutôt que les deux degrés fixés comme cible à l’issue de la COP 21 à Paris. Ils ont sûrement raison mais la réalité est que l’on se dirige tout droit vers une hausse de 1,5° avant 2030. Quant à la fin du siècle, qui peut prouver que Pascal Charriau, président d’Enerdata, a tort lorsqu’il affirme : « Avec les résultats de 2017 nous sommes sur une pente supérieure à 4°C et les actuels objectifs consentis par les Etats ne nous garantissent qu’une limitation à 3°C ». Encore faudrait-il que ces objectifs soient respectés !
L’injustice est que les objectifs fixés sont des pourcentages de réduction par rapport aux consommations initiales. Les bons élèves, comme les pays du Maghreb ou la France, doivent réduire leur production de gaz à effet de serre comme les très mauvais élèves : pays du golfe, Etats-Unis, Chine et même Allemagne.
Si la France produit deux fois moins de CO2 que l’Allemagne c’est en grande partie grâce à son électricité nucléaire dont les fervents défenseurs du climat ne parlent guère. On ne peut pas se prétendre écologiste et défendre le nucléaire. Les arguments les plus clairs ne portent pas. Quelques centaines de morts suite aux incroyables erreurs de Tchernobyl , mais un seul mort imputable aux radiations lors de la « catastrophe » de Fukushima» et aucun mort en France, en Grande Bretagne, en Chine … rien n’y fait le nucléaire doit être éradiqué. Officiellement à cause des déchets. « On ne peut pas laisser à nos enfants des tonnes de déchets nucléaires à vie longue » entend-on à longueur d’années. Pourquoi les déchets nucléaires artificiels, qui n’ont jamais tué quiconque, seraient-ils plus dangereux que les produits radioactifs des gisements naturels, comme ceux du Niger, dont certains sont si concentrés que des réactions en chaîne s’y sont produites (Oklo au Gabon) ? Même s’il n’y a pas de réponse la peur du nucléaire demeure. Sans nuance.
Au milieu de toutes les mauvaises nouvelles concernant le climat est venu la semaine dernière un évènement porteur d’espoir. Le premier EPR chinois a commencé à fournir de l’électricité. Seul réacteur nucléaire au monde capable de résister à l’impact d’un avion gros porteur, bénéficiant de sécurités internes exceptionnelles cet EPR a été classé comme le réacteur le plus sûr du monde par les autorités nucléaires américaines. Mais ses retards et ses déboires industriels et financiers, en Finlande comme en France, en ont fait la risée de la plupart des écologistes de la planète. Le premier exemplaire chinois n’a souffert d’aucune difficulté sérieuse de construction. Et il va montrer la voie.
En Grande-Bretagne, en Inde, en Chine et en France d’autres EPR vont bientôt sortir de terre. Les engagements de réduction des gaz à effet de serre dans ces pays seront moins difficiles à tenir. Et peut-être, l’urgence climatique aidant, la planète comprendra-t-elle que les mérites des « renouvelables » ne peuvent suffire. Pendant tout le 21e siècle le nucléaire sera encore nécessaire.
Il ne peut éviter les changements climatiques mais il est capable d’empêcher la catastrophe climatique que l’on peut craindre.
Que l’on doit craindre.
Etienne Copel.
[1] European Pressurized Reactor, devenu Evolutionary Power Reactor !
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