En quête d’un second mandant au poste de secrétaire général de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), Michaëlle Jean a perdu hier le soutien des siens et se retrouve sans plus aucune chance de l’emporter. La Rwandaise Louise Mushikiwabo est désormais assurée de prendre sa place lors du 17e sommet de la Francophonie, qui ouvrira ses portes demain jeudi 10 octobre à Erevan, en Arménie.
Le duel annoncé, même s’il était très déséquilibré, n’aura donc pas lieu. Depuis hier soir, on sait que c’est l’actuelle ministre rwandaise des Affaires étrangères, Louise Mushikiwabo, qui va devenir la prochaine secrétaire générale de l’Organisation internationale de la francophonie (OIF).
Face à Louise Mushikiwabo, la secrétaire générale sortante, la Canadienne Michaëlle Jean, promettait de se battre jusqu’au bout et de défendre un bilan qui, sans être spécialement flamboyant, n’est pas infamant non plus. Mais mardi 9 octobre, Mme Jean a perdu ses principaux (et derniers soutiens) lorsque les autorités canadiennes et québécoises ont renoncé à l’appuyer. Un scénario conforme aux coutumes de l’OIF, dont le secrétaire général a toujours été, jusqu’à aujourd’hui, choisi par consensus des 84 Etats membres.
Soutenue par la quasi totalité des pays africains, Louise Mushikiwabo avait de toute façon la partie gagnée d’avance, d’autant qu’elle était aussi – et c’est plus surprenant – la candidate de Paris. Dès le mois de mai, le président Emmanuel Macron avait annoncé qu’il soutiendrait la candidate rwandaise contre la titulaire du poste. Laquelle avait été imposée, en 2014, par son prédécesseur François Hollande.
C’est d’ailleurs l’un des paradoxes du fonctionnement politique et diplomatique de la francophonie. L’Afrique y pèse de tout son poids, les premiers secrétaires généraux étaient africains, mais les principaux contributeurs financiers en sont, dans l’ordre, la France, le Canada, la Belgique (Wallonie) et la Suisse. Le siège de l’organisation se trouve à Paris et, de Boutros Boutros-Ghali à Louise Mushikiwabo en passant par Abdou Diouf et Michaëlle Jean, son patron est toujours imposé plus ou moins directement par la présidence française.
Dans le cas de Mme Mushikiwabo, certains estiment qu’Emmanuel Macron l’a choisie pour faire une fleur au Rwanda et tenter de remettre sur de bons rails les relations entre Paris et Kigali, toujours placées sous le signe du génocide de 1994 et du rôle joué à l’époque par les troupes françaises. L’Elysée, bien sûr, se défend de la moindre arrière pensée. Mais si l’affaire de l’OIF pouvait améliorer les choses, ce serait tout à fait bienvenu.
Olivier Marbot.
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