Goncourt : L’anomalie de Le Tellier deuxième meilleure vente du prix !

633 000 exemplaires !

C’est la vente à ce jour du roman de l’écrivain français Hervé Le Tellier «L’Anomalie» publié aux éditions Gallimard, , prix Goncourt 2020 le 30 novembre dernier, selon les chiffres de l’institut GfK.

Il vient de dépasser «Les Bienveillantes» du Franco-Américain Jonathan Littell, couronné en 2006 pour ces mémoires fictifs d’un officier SS qui avait séduit 618.000 lecteurs en une quinzaine d’années.

Le Goncourt le plus vendu à ce jour reste «L’Amant» de l’auteure française Marguerite Duras, qui avait décroché le prix en 1984. Il s’est vendu à 1,63 million d’exemplaires, selon les éditions de Minuit. Il faut précise que ce livre n’est jamais sorti en édition de poche.

Le tirage de «L’Anomalie» atteint désormais 930.000 exemplaires. Il s’en vend encore presque 20.000 exemplaires par semaine.

Dans une interview passionnante au Monde Hervé Le Tellier, revient sur ce succès : « Il était dans toutes les listes des prix littéraires, ce qui a renforcé le bouche-à -oreille. Puis il a évidemment été porté par la bande rouge « Prix Goncourt » et l’image de Gallimard. L’épidémie de Covid-19 a aussi joué un rôle. Durant le confinement les libraires ont continué à travailler grâce au « click and collect », qui a profité aux livres les plus visibles, puisqu’on ne pouvait pas feuilleter tous les ouvrages sur les tables. Et, depuis, il n’y a plus de théâtre, de cinéma donc les seuls objets culturels dont on discute sont séries et les livres. Résultat, les livres ont été extrêmement offerts à Noël, et on passe d’un Goncourt de 300 000 ou 400 000 exemplaires d’habitude à un Goncourt de 800 000. » Et d’ajouter : « c’est aussi un livre qui offre de voyager dans le monde entier, au moment où s’est interdit (…) C’est un livre avec un titre bizarre, très différent des autres, proposé à la rentrée. Une anomalie…« 

Le Goncourt reste une valeur sûre.

Anomalie est le huitième roman d’Hervé Le Tellier.

Il raconte les suites d’un événement étrange, à savoir qu’un vol Paris-New York se reproduit deux fois, avec les mêmes passagers, à quelques mois d’intervalle…

Hervé Le Tellier est membre de l’Oulipo, un groupe littéraire qui s’amuse des contraintes et paradoxes de la langue française pour en tirer une nouvelle liberté d’expression. Et il le prouve avec beaucoup de talent dans son ouvrage couronné ce jour. L’anomalie est à la fois un récit policier, d’aventure, d’amour qui s’inspire des codes de séries. « Ce livre-là, j’avais envie de l’écrire depuis assez longtemps, c’est-à-dire ce type de livre qui mélange à la fois ce que je sais des sciences, des hypothèses sur le virtuel et sur l’idée qu’il est possible de simuler la réalité, et puis des questions plus intimes et philosophiques (…) Je déteste l’irrationnel, je trouve que ça n’a aucun sens”.

Hervé Le Tellier le reconnait : »Si je n’étais pas membre de l’Oulipo, j’aurais écrit un roman très différent ». Il est le premier écrivain de ce groupe à recevoir le prix Goncourt.

L’auteur de « assez parlé d’amour » aurait pu faire carrière dans les mathématiques – sa mère le poussait à devenir polytechnicien et à réussir là où son père un ancien ouvrier devenu ingénieur avait échoué- mais il a préféré se tourner vers le journalisme scientifique. «J’ai intégré le CFJ, où j’ai été reçu et, très vite, je suis entré dans des journaux de science (…) Entre être un mauvais mathématicien et un journaliste médiocre, j’ai choisi d’être un journaliste médiocre: ça se voit moins”.

Il a sorti son premier livre en 1984.

Dans « Toutes les Familles Heureuses », livre qui a été publié en 2017 chez Jean-Claude Lattès, il a raconté comment à l’âge de 15 ans, il a voulu fuir sa famille « à laquelle il a été assigné. » Enfant unique, il reconnait dans une interview au Monde que « diagnostiquer que sa mère est folle, n’est pas facile. ( …) Ma mère avait quitté mon père, je le voyais très peu. Une fois l’an ou tous les deux ans. Quant à mon beau-père dont je porte le nom, il ne portait pas les cases normalement dévolues à un père. On était dans le conflit. (…) Ma mère m’a appris à mentir. C’est un peu un apprentissage de la fiction ! »

Il multiplie les petits boulots pour gagner sa vie et financer ses études. Il a été flasheur à Libération, gardien de nuit dans un hôpital psychiatrique, brancardier sans une morgue… Il se rapproche aussi de la Ligue Communiste révolutionnaire qu’il délaissera assez rapidement. Cette époque correspond aussi à une autre épreuve qu’il vit sur un plan sentimental : le suicide de sa fiancée qui était alors enceinte de quatre mois. « Ce jour là je perds une jeune femme toute jeune que je connaissais depuis six mois et une famille qui était en train de m’adopter. J’ai tout cacher pendant vingt ans. »

Fort du succès d’Anomalie, Hervé Le Tellier indique qu’il va pouvoir continuer à écrire des livres dont il a envie sans subir la moindre pression. « Je ne me sens pas obligé de faire un nouveau best seller. Les trois ans qui viennent vont être agréables du moins si l’épidémie s’arrête. J’avais une vieille Dacia Break, je viens d’en acheter une nouvelle. Je reste un garçon raisonnable ! »

N.P

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