Hulot : l’homme qui voulait l’impossible.

Leibniz affirmait, ce qui ne peut pas être, c’est le contradictoire : un cercle carré est une contradiction dans les termes, et donc une impossibilité absolue. Tel est le principe fondamental de la logique, le principe de contradiction selon lequel l’être ne se contredit pas, et le contradictoire est impossible…Et pourtant !

Sa priorité, depuis des lustres et des lustres, était la lutte contre le réchauffement climatique. Grâce lui en soit rendue. Il a fait œuvre utile tant la gravité du problème a été – et reste encore- contestée par certains lobbys, comme ceux du charbon et du pétrole aux Etats-Unis. En France, j’entends encore Claude Allègre, scientifique reconnu, me dire : « Mais non, général, il n’y a rien de prouvé : tout ce battage sur l’effet de serre est une imposture ».

Comme journaliste, Nicolas Hulot a vivement dénoncé le danger des gaz à effet de serre. Devenu ministre il a tenté d’agir concrètement. Il a d’abord contribué à accélérer la mise en service des éoliennes en simplifiant les procédures pour les opérateurs et en obligeant la justice à régler plus vite les litiges avec les opposants. Ensuite il a poussé le gouvernement français à interdire, à partir de2040, toute prospection et même toute exploitation de gisements d’hydrocarbures. A vrai dire l’intérêt est plus psychologique que réel : la France ne produit que un pourcent de sa consommation de pétrole et consommera sûrement bien plus que ce pourcent en 2040, ne serait-ce que pour l’agriculture. Elle achètera donc ce pourcent à l’étranger, comme toujours! Plus significative est la décision prise par N.Hulot d’interdire la vente de voitures diesel et essence, en 2040. Pas de contestation cette fois : la mesure contribuera à «  la fin des énergies fossiles » conformément à l’expression-même du ministre démissionnaire. Vive donc les voitures électriques! Rappelons néanmoins que ces voitures  nécessitent des batteries de plus en plus puissantes, utilisant de plus en plus de terres rares, devenant de plus en plus … rares. Sauf en Chine. Vaste sujet ! J’y reviendrai dans La Revue.

D’où viendra l’électricité pour charger ces batteries ? Des barrages, des éoliennes, des centrales solaires ? Oui bien sûr. Mais en partie seulement. Les barrages ne peuvent suffire : les lacs ne peuvent inventer l’eau pour les remplir. Et, de toute façon, l’hydroélectricité ne pourra jamais suffire au cours des nuits sans vent, quand ni Hélios, ni Eole, ne viennent aider les humains. Restent les énergies fossiles et le nucléaire. Lors du « Grenelle de l’environnement », en 2007, l’optimisme régnait : avec un peu de courage politique on pensait pouvoir, sinon se passer des deux, du moins voir leurs impacts diminuer rapidement. Dix ans plus tard la réalité s’impose. La consommation de pétrole et de charbon est en hausse ces dernières années aussi bien en France qu’en Allemagne le « bon élève » de la classe écologique. Bon élève ? Voire ! Les Allemands consomment actuellement près de deux fois plus d’énergies fossiles par individu que les Français et leur marche forcée vers la fin du nucléaire ne va pas arranger les choses. Outre Rhin, il devient clair que les engagements de réduction des émissions de gaz à effet de serre, engagements pris lors de la très fameuse COP 21, ne pourront pas être tenus. Pour les Français, l’engagement sera aussi difficile à tenir car ils partent d’un niveau d’émission bien moindre, grâce au nucléaire. Respecter la COP 21 c’est, pour le pays de Nicolas Hulot, diminuer ses émissions de gaz à effet de serre de 40% en prenant pour référence l’année 1990. Et ce avant 2030 !

L’horizon est là. Si proche que Nicolas Hulot ne pouvait plus se voiler la face : respecter les engagements de la COP 21 en conservant l’essentiel des centrales nucléaires françaises serait difficile. Très difficile. Quant à les respecter en réduisant la part du nucléaire dans l’électricité de 70 à 50%, comme il s’y était engagé, cela devenait franchement impossible.

Voulant l’impossible et ne voulant pas se renier, Nicolas Hulot a préféré démissionner.

C’était sans doute un rêveur. Mais qu’il était sympathique!

Etienne Copel.

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