« En République islamique, ce sont les militaires qui dirigent ». A quelques semaines de l’élection présidentielle du 18 juin, les confidences du ministre iranien des Affaires étrangères Mohammad Javad Zarif, acccordé le 24 février dernier à l’économiste iranien Saeed Laylaz, – l’entretien a duré trois heures- suscite de nombreuses réactions et inquiétudes à l’heure où Hassan Rohani, le président « modéré » devrait quitter le pouvoir. Il a été dévoilé par la chaine d’opposition Iran International.
« J’ai sacrifié la diplomatie pour le champ militaire plutôt que le champ militaire n’a servi la diplomatie. (…) Petit à petit, leur pouvoir politique s’est accru, y compris au sein du ministère des Affaires étrangères, de sorte que les ambassadeurs des pays clés de la région, et de certains États européens, étaient des Gardiens de la révolution, ce qui leur permettait de contourner les sanctions internationales et de réaliser des actes terroristes. Ce sont eux qui déterminaient la politique étrangère du pays, ne laissant au ministre des Affaires étrangères qu’un rôle d’exécutant. »
Le ministère des Affaires étrangères a fait savoir que ses propos ont été « sortis de leur contexte », il n’en demeure pas moins qu’il laisse bien entendre que le pouvoir est entre les mains des Gardiens de la révolution, l’armée idéologique de la République islamique.
Dans cette interview explosive, le chef de la diplomatie iranien donne aussi sa vérité sur les relations entre l’Iran et les Etats-Unis de Donald Trump. Selon son témoignage, « deux commandants de la force Al-Qods se seraient rendus auprès du Premier ministre irakien de l’époque, Adel Abdel Mahdi, également allié des États-Unis, pour l’informer de leur intention de frapper 45 minutes plus tard la base militaire d’Ain al-Assad, afin que les soldats américains qui y étaient stationnés aient le temps de prendre la fuite. Les États-Unis étaient au courant de l’attaque sur Ain al-Assad en Irak avant que j’en aie été informé ! »
L’ancien diplomate iranien Mohammad-Reza Heydari, confie au Point : « Tout ce que dit Mohammad Javad Zarif est su des fonctionnaires du ministère des Affaires étrangères, mais aussi d’une majorité d’Iraniens. Mais le fait de l’entendre l’avouer vient apporter une confirmation officielle, et lui permet d’améliorer son image auprès de la population comme de l’Occident. »
Mohammad Javad Zarif sera-t-il candidat à la prochaine présidentielle ? L’analyste franco-iranien Kianouch Dorrani souligne toujours au Point : « Le ministre iranien des Affaires étrangères est devenu la bête noire des radicaux en Iran, l’homme providentiel à abattre, d’où les attaques tous azimuts dont il fait l’objet. »
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