Jeux de missiles, jeu de massacre

Israël est confronté à l’ambiguïté russe et aux alliances contradictoires du Kremlin au Moyen-Orient. 

« Je soutiens le combat d’Israël qui vise à protéger ses citoyens » disait le président Russe en juillet 2014. Et voilà que moins de quatre ans plus tard un de ses missiles abat un F 16 israélien. Bien sûr, le missile n’a probablement pas été tiré par ses propres militaires détachés en Syrie chez son grand ami Bachar al-Assad. Mais, c’est bien lui qui a mis en place ces missiles reconnus comme à la pointe du progrès mondial (S-300, S-400 voire S-500 ?) et qui, très probablement, contrôle leur emploi.

Poutine n’aime pas beaucoup les « terroristes islamistes ». Netanyahou non plus. Cela crée des liens. Mais la diplomatie c’est compliqué. Quand on est l’ami de Bachar, on l’est des mollahs iraniens et du Hezbollah qui soutiennent le dit Bachar mais qui n’aiment guère Israël. Poutine est donc obligé de choisir. Aujourd’hui il semble avoir choisi les missiles. Ce qui ennuie Netanyahou. Il avait tellement pris l’habitude de considérer le ciel syrien comme un jardin tranquille où il pouvait envoyer ses avions se promener en toute quiétude !

Il continue certes à envoyer ses F16, pour pilonner les bases du Hezbollah, mais il rechigne à utiliser ses plus beaux chasseurs : les F35. Est-ce que ce sont les Américains qui le lui interdisent pour ne pas montrer la vulnérabilité de leur fameux avion… peut-être pas aussi furtif que prévu ? Peut-être.

Ennuis militaires, ennuis judiciaires

En tout cas, même après que ses généraux ont déclaré le plein succès de leurs raids contre les sites de missiles sol-air en Syrie, il ne peut être tranquille. Comment être certain que d’autres ne sont pas soigneusement cachés, prêts à entrer en service ? Comment s’assurer que Poutine ne livre pas des missiles, encore plus performants, par « son » port de Tartous ?
Il n’y a guère longtemps, Poutine avait vu un de ses avions abattu par les F16 d’Erdogan… et il s’en était remis, somme toute, assez bien.

Et puis, lui au moins, n’a pas de soucis sur le plan intérieur : dans un mois il va être réélu tranquillement pour un nouveau mandat à la tête de la Russie. Comme d’habitude ! En revanche, ce n’est pas le cas de Benyamin Netanyahou de plus en plus talonné par ses ennuis judiciaires. Finira-t-il en prison ? Peut-être. Israël a bien des défauts mais c’est quand même un pays qui n’hésite pas à mettre ses dirigeants en prison quand ils ont triché.

A cause de la Syrie, Poutine a de petits ennuis. Netanyahou a de gros soucis. Mais, tranquillisez-vous, Bachar va bien. Il peut massacrer en paix.

Par Etienne Copel

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