L’ex-candidat républicain à la présidence est mort samedi 25 août dans l’Arizona, à quelques jours de son 82e anniversaire, après treize mois de lutte contre un cancer du cerveau. Héros de la guerre du Vietnam, populaire, il s’est aussi attiré l’agressivité des durs du camp républicain.
Ces Américains sont vraiment étonnants ! Comment font-ils pour sélectionner aussi mal leurs candidats à la présidentielle ? En 2016, ils sont allés chercher au fin fond de leurs partis les deux personnages les plus contestés et les plus contestables qu’ils pouvaient trouver. En revanche, en 2008, ils ont opposé deux candidats d’une valeur morale extrêmement rare chez leurs politiciens. Le match Barack Obama-John McCain a vu la victoire du premier et je m’en suis réjoui. La défaite du second m’a néanmoins attristé. Comme lorsqu’il avait été battu par G-W Bush aux primaires républicaines de 2000.
De tous les combats menés par le sénateur McCain contre les faucons de son propre parti je retiens d’abord sa lutte contre la torture. En octobre 2005, malgré l’opposition de la Maison Blanche, il a réussi à faire passer un amendement au Sénat qui précise explicitement qu’ « aucun individu sous la garde ou le contrôle physique du gouvernement des États-Unis, quels que soient sa nationalité et son lieu de détention, ne doit être soumis à des traitements ou punitions cruels, inhumains ou dégradants ». En défendant son amendement John McCain a tenu à préciser que son but n’était pas seulement de protéger les prisonniers mais aussi les militaires américains qui ne doivent jamais être conduits à pratiquer des méthodes dégradantes. Pour lui « les valeurs américaines devraient l’emporter contre toutes les autres dans toute guerre des idées » et on ne peut laisser ces « sévices contre les prisonniers ternir l’image des États-Unis ».
Les années passent et, en 2016, Donald Trump choisit comme Directeur de la CIA Mike Pence qui venait de déclarer devant une commission du Sénat : « Ceux qui pratiquent le waterboarding ne sont pas des tortionnaires ce sont des patriotes ». Alors dans un forum consacré à la défense John McCain s’est écrié : « Je me fous de ce que le Président des Etats-Unis veut faire ou de ce que quiconque veut faire. Il n’y aura pas de torture par l’eau, pas de waterboarding. Nous ne ferons pas cela ». Le sénateur McCain a-t-il été entendu définitivement ? J’en doute. L’armée américaine ne torture sans doute plus. Mais la CIA continue. Officiellement ? Presque.
Dans son opposition farouche au sénateur McCain, le président Trump a déclaré que le fait d’avoir été fait prisonnier au Vietnam ne faisait pas de lui un héros. Voyons les faits. Après son éjection en territoire Vietcong, John McCain a été lynché par la foule, il a été transpercé par la baïonnette d’un soldat, il a été torturé, il a souffert de l’isolement pendant cinq ans et demi. C’est à coup sûr un soldat courageux car, malgré les avantages qu’on lui faisait miroiter, il a systématiquement refusé de participer à toute émission qui aurait pu servir à la propagande de ses adversaires. Cela suffit-il à en faire un héros ? On peut en discuter.
Reste une certitude : John McCain était un homme droit, fidèle aux plus belles vertus prônées par les pères fondateurs de la nation américaine. Ce n’est peut-être pas un héros. C’est un emblème. Une flamme.
Etienne Copel.
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