« This is the first nomination for Tunisia. »
L’événement n’est pas passé inaperçu. «L’homme qui a vendu sa peau » sera en compétition dans catégorie meilleur film étranger, le 26 avril prochain à Hollywood. Une première remarquée avec cette petite phrase par l’Académie des Oscars.
Jamais depuis 93 ans, un film tunisien n’avait été en compétition. Ce film a été réalisé par Kaouther Ben Hania, 43 ans, qui s’est empressée de commenter sur les réseaux sociaux : »Honorée d’offrir à la Tunisie sa première nomination pour l’Oscar du meilleur film international. Incroyable mais vrai ! (…) Je veux dire, c’est historique parce que la Tunisie n’est jamais, jamais arrivée aux Oscars, donc c’est la première fois. Et c’est un grand honneur pour moi, vous savez, d’offrir ça à mon pays, au continent africain. Je veux dire, ce n’est pas la première fois pour le continent africain, mais vous savez, pour représenter l’Afrique, pour représenter les pays de langue arabe, vous savez, oui j’éprouve beaucoup de fierté. (…) C’est un rêve réalisé, une réussite obtenue à la sueur de notre front.”»
Monica Bellucci et l’acteur syrien Yahya Mahayni sont les têtes d’affiche de ce film qui raconte l’histoire de Sam Ali, un jeune Syrien réfugié au Liban. Ce dernier accepte de se faire tatouer par un célèbre artiste contemporain dans l’espoir de rejoindre sa dulcinée en Europe. Le film est présenté « comme une réflexion pertinente et très actuelle sur le sort réservé à ceux qui ne sont pas libres de circuler comme ils le souhaiteraient. »
L’Homme qui a vendu sa peau a permis à Yahya Mahayni, qui incarne le héros du film, de décrocher le prix d’intérprétation masculine à la Mostra de Venise. Le film a aussi remporté le Lumière de la meilleure coproduction internationale, l’équivalent français du Golden Globe.
Cette annonce a été faite la même semaine pendant laquelle Sami Bouajila décrochait le César du même meilleur acteur pour son rôle Un fils, le premier film de Mehdi Barsaoui. Ce dernier avait aussitôt confié sur les réseaux sociaux : « La culture fait rayonner l’image de la Tunisie aux quatre coins du globe et dans tout ce marasme que nous vivons, le drapeau tunisien est plus que jamais honoré. »
Le cinéma tunisien confirme l’intérêt qu’il suscite en Afrique, en Europe et aux Etats-Unis et ce malgré la crise sanitaire qui frappe l’industrie du cinéma dans le monde entier.
« Nos efforts sont encore trop individuels… »
En 2011, le documentaire Plus jamais ça de Mourad Ben Cheikh avait été plébiscité. En 2016, Hedi, un vent de liberté de Mohamed Ben Attia avait obtenu deux prix au Festival de Berlin, l’ours d’argent pour l’acteur Majd Mastoura. En 2017, présentée en première mondiale, La Belle et la Meute de Kaouther Ben Hania revient sur le viol de Meriem par deux policiers de La Marsa (banlieue nord de Tunis).
Sentant l’ouverture d’un marché et l’intérêt de cinéphiles, Pathé ouvre en 2018 dans la banlieue de Tunis puis six salles à Sousse.
En 2020, Brotherhood de l’Américano-Tunisienne Meryam Joobeur – une coproduction entre le Canada et la Tunisie- avait été l’un des cinq films sélectionnés dans la catégorie court-métrage de fiction.
Une certitude, Kaouther Ben Hania qu’elle remporte ou non cet Oscar tant convoité s’est fait un nom. On n’a pas fini de parler d’elle. Et du cinéma tunisien. Même si elle espère encore que ce gros coup de projecteur mondial aidera le 7 eme art de son pays. « Je souhaite qu’après cet évènement, il y ait des décisions qui poussent le cinéma tunisien vers l’avant pour mieux accompagner les cinéastes et donner plus d’importance au cinéma, car actuellement tous nos efforts sont individuels».
N.P
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