La disparition de Béchir Ben Yahmed : de nombreux hommages pour saluer la mémoire d’un homme au destin exceptionnel

Les réactions sont nombreuses après la disparition lundi dernier à l’âge de 93 ans de Béchir Ben Yahmed, le fondateur de Jeune Afrique et de La Revue pour l’intelligence du monde.

Nous avons mis hier un lien vers le bel article hommage d’Olivier Marbot et de Dominique Mataillet– deux fidèles collaborateurs des titres créés par Béchir Ben Yahmed-.

Le comité éditorial de La Revue pour l’intelligence du monde se réunira demain, jeudi 6 mai. L’émotion sera vive pour tous les membres.

Nous publions de nouveaux témoignages :

Gérard Haddad : « il avait une élégance inoubliable. »

Gérard Haddad sur sa page Facebook : « Aujourd’hui, à l’aube, j’ai perdu un ami en la personne de Béchir Ben Yahmed, emporté par la Covid. Homme exceptionnel, travailleur infatigable, passionné par sa profession, il me fit l’amitié de m’inviter à écrire dans son magazine « La REVUE pour l’intelligence du monde. » Ce fut une belle aventure intellectuelle, un voyage renouvelé dans le vaste monde de la politique et des idées, à partir de dossiers. Le mot fanatisme n’appartenait pas à son vocabulaire et il se réjouissait de chaque rapprochement entre musulmans et juifs, fidèle aux plus belles traditions djerbiennes.

Il avait des gestes d’une élégance inoubliable. Ainsi, à la création de mon association psychanalytique Institut Gerard Haddad, il tint à y adhérer symboliquement la première année et à payer son écot. Surtout au décès de ma chère épouse, alors que je lui déconseillais de venir aux funérailles, vu son âge et sa fatigue, il fut là à la levée du corps, accompagné de Danielle, son épouse, me soutenant dans mon chagrin.

C’était un homme exceptionnel qui aurait pu occuper les plus hautes fonctions dans son pays natal au côté de l’homme qu’il admirait par-dessus tout, Habib Bourguiba. Mais il préféra sa liberté d’esprit à l’ambition politique.

Certes, il était d’un âge avancé mais son esprit et sa mémoire n’avaient pas pris un pli. Perdre un être qu’on aime provoque le même chagrin quel que soit l’âge de cet être.

Si Béchir, je salue respectueusement votre mémoire. »

Faouzia Zouari : « BBY nous fascinait tous »

Faouzia Zouari sur sa page Facebook :
« Il y a des personnes qu’on croit éternelles. Et elles s’en vont. Béchir Ben Yahmed en fait partie. Jamais je n’aurais cru qu’il mourrait un jour. Notre dernière réunion de la rédaction remonte à un mois. Il était là, le pas alerte, l’esprit vif. Il tenait la barre de la même main de maître, décidant de tout avec le même mordant et la même exigence.
Plus qu’un patron, c’était un ami, un père, un mentor pour moi. C’est dire si je ne me sens pas professionnellement orpheline. Je me sens orpheline tout court. Je l’ai côtoyé pendant près d’un quart de siècle. Brillant, sévère, direct, une discipline sans faille. Tout le monde le craignait, mais il nous fascinait tous. On finissait par aimer ses ordres, ses colères, ses provocations. Je me souviens du jour où je suis entrée pour la première fois dans son bureau. Il m’avait posé un ultimatum. C’était l’IMA ou Jeune Afrique. Je brûlais les vaisseaux et il m’engageait. Des années dans la « piscine » à apprendre le métier de journaliste dont je n’avais aucune idée. Et je me noyais souvent. Et je pleurais aussi, lorsqu’il jetait mes papiers dans la poubelle ou me disait que je n’étais pas faite pour ce métier. Certaines fois, quand j’en avais assez, j’allais le voir et demandais un répit. Je quittais le journal pendant des mois puis je revenais. Sa porte était toujours ouverte. Je recommençais. Il ne me complimentait pas pour autant. Il ne faisait pas de compliments. Le jour où il vous dit  « Votre papier est publiable » vous pouvez être sûr que vous venez d’écrire le meilleur texte de votre carrière. Le jour où il vous appelle par votre prénom, vous pouvez considérer que c’est un bon jour.
Me concernant, quelque chose me faisait penser que, au fond, il m’aimait bien. Qu’il avait compris que j’étais du genre à ne pas mettre sous cloche. Que je pouvais partir et revenir dans la cage à ma guise. Que j’étais « incontrôlable » selon ses termes, mais loyale et point vénale.
En réalité, derrière cette façade de tyran, il y avait l’homme. Son cœur gros comme ça. Sa tendresse enfouie. Lorsque vous tombez, BBY vous relève. Il l’a fait avec des journalistes éprouvés par les aléas de la vie, le chômage ou la maladie. Il l’a fait lorsque Malek Chebel est venu le voir quelques mois avant de décéder d’une grave maladie. « J’ai encore des choses à dire, lui avait confié   l’islamologue, et je n’ai pas la force de le faire ». BBY avait tout mis en branle pour que Malek puisse réaliser son vœu d’écrire ses
dernières pensées. Il m’avait alors chargée de faire ce travail qu’il avait publié à ses frais.
L’écrivaine et la journaliste que je suis lui doivent beaucoup. La Tunisienne aussi. Notre pays doit être fier d’avoir engendré un tel homme. Car il ne naît pas tous les jours un Ben Yahmed dans le monde. Nous attendons de voir, justement, comment la Tunisie, fût-elle aux prises avec des difficultés en tous genres, saura honorer dignement sa mémoire ».

Etienne Copel : « un homme à la culture incroyable »

Le général Etienne Copel a transmis  l’extrait du projet de Mémoires concernant La Revue et son directeur qu’il avait rédigé et que BBY avait pu lire et apprécier : « Bechir Ben Yahmed est un personnage singulier. Tunisien il vient en France comme étudiant. Si on le croit, il ne fait pas grand-chose pour préparer les concours, mais il va au cinéma … à peu près tous les jours, voire plusieurs fois par jour. Et puis cette année-là, l’épreuve fondamentale d’HEC porte sur le cinéma. Comme il écrit fort bien et qu’il connaît tout sur le sujet il est brillamment reçu. C’est l’heure de la décolonisation, il est journaliste et admire Bourguiba, fondateur de la Tunisie moderne, qui le lui rend bien et le nomme ministre malgré son jeune âge. Les années passent, Bourguiba quitte la scène. Le nouveau Néo Destour convient peu au journaliste idéaliste qui sommeille toujours en Bechir ben Yahmed (BBY pour tout le monde). Il s’installe en France et fonde Jeune Afrique, l’hebdomadaire de référence de l’Afrique francophone. Il gagne beaucoup d’argent car il sait gérer et mène son journal avec une poigne peu commune.

Pour une raison que j’ai oubliée, il me propose de collaborer à Jeune Afrique, ce qui me tente beaucoup, d’abord pour gagner quelques sous et aussi pour rencontrer des gens vivant dans un monde nouveau pour moi. Problème : BBY est un homme fascinant à la culture incroyable, bénéficiant d’un réseau de relations et d’amis exceptionnel… mais il cultive un côté dictateur qui terrorise ses journalistes. Avec les « vieux » comme moi il est tout à fait courtois mais avec les jeunes il est cassant et je supporte mal les réunions de rédaction qu’il dirige et où il souhaite que je vienne régulièrement. Conclusion : après quelques articles je n’ai plus envie de revenir rue d’Auteuil et la désuétude prend le dessus.

Quelques années plus tard, au début de 2006, je suis contacté par Jacques Bertoin – mon premier éditeur- que j’admire beaucoup. Il me propose de collaborer à la revue bimestrielle que BBY a créée après avoir confié « Jeune Afrique » à ses enfants. Douze ans plus tard j’y suis encore et suis assez fier de ma longévité car le taux de renouvellement des journalistes comme des pigistes est considérable au sein de « La Revue ».

Il faut dire que BBY a des principes qui ne plaisent pas à tout le monde. Il tient par exemple à ce que chaque semaine quelqu’un fasse la critique du numéro qui vient de sortir. Jean Lacouture, comme bien d’autres, n’a guère apprécié de se faire critiquer par des inconnus. BBY ayant maintenu son principe, Lacouture est parti. Dommage ! Je soutiens néanmoins le principe de BBY. Il est certain que j’aime bien quand un de mes articles passe du premier coup mais quand BBY dit qu’il faut l’améliorer je sais parfaitement qu’il a généralement raison. Pas toujours toutefois ! Je me souviens d’un article jugé insuffisant, resservi sans changement par erreur et jugé bien meilleur ! En fait, BBY se dit que cela ne fait jamais de mal de remettre l’ouvrage sur le métier.

Au total, je consacre une part significative de mon temps à cette Revue car en dehors des questions de défense je m’occupe beaucoup des pages « sciences ». En effet, en dehors de Marc Guillaume, il y a peu de scientifiques dans l’équipe de rédaction. Après s’être appelée sous des noms divers la revue bimestrielle voit son nom stabilisé : La Revue pour l’Intelligence du Monde. Elle a du mal à percer en kiosque tant les journaux et magazines abondent dans notre beau pays. En revanche, les abonnements vont assez bien et surtout le taux de réabonnement est remarquable. Sa présentation me semble excellente (je n’y suis pour rien) et en tout cas très supérieure à celle des « News » hebdomadaires qu’elle est supposée concurrencer. Quant au fond il n’est évidemment pas aussi général qu’il faudrait, il n’y a pour ainsi dire rien sur l’Amérique latine, l’Australie et pas grand-chose sur l’Extrême Orient. Mais, en attendant de recruter des journalistes compétents en ces domaines, je défends l’idée que l’important est de ne publier que des articles intéressants. Ce qui, à mon avis se révèle le cas. Et tant pis si le monde entier n’est pas encore traité. Au comité éditorial j’ai rencontré et je rencontre encore des personnages de grande culture comme Claude Durand, Jean-Louis Gouraud, Frédéric Ferney, Renaud de Rochebrune ou Gérard Haddad. Ils m’aident à ouvrir largement mon champ de réflexion vers des idées et des lieux nouveaux pour moi.

« Béchir Ben Yahmed, le dinosaure du journalisme international. » Par Brahim Oueslati et Raouf Ben Rejeb

( Texte écrit à l’occasion des 90 ans de BBY) : « A plus de 90 ans qu’il a fêtés le 2 avril 2018, Béchir Ben Yahmed est certainement le journaliste le plus vieux encore en exercice dans le monde. Dinosaure de la presse écrite, doyen des chevaliers de la plume, il est aussi fait rare le propriétaire, le directeur, le rédacteur en chef et l’éditorialiste de son journal depuis sa création au début des années 1960 même s’il a levé le pied depuis dix ans, tout en continuant à avoir un œil sur celui qu’il considère non pas comme son autre enfant mais comme l’œuvre de sa vie. »

Originaire de l’ile de Djerba, dont il est natif, BBY muni en 1954 d’un diplôme HEC(Hautes études commerciales) de Paris aurait pu faire une carrière brillante comme grand commerçant ou comme industriel de renom et serait à l’heure qu’il est à la tête d’un empire, certainement d’une fortune colossale, car les Djerbiens ont la main heureuse en affaires et le flair à fleur de peau. Pourtant lui choisit la politique. A 26 ans, il fait partie de la délégation tunisienne ayant négocié l’autonomie interne puis l’indépendance de la Tunisie. Dans le premier gouvernement de l’indépendance, Bourguiba le nomme secrétaire d’Etat à l’information. Il est le benjamin de l’équipe qui entoure le Combattant suprême. A cause de son âge il ne sera pas membre de l’Assemblée nationale constituante élue au lendemain de l’indépendance. Mais la tentation du journalisme l’habitait déjà : en 1956, il lançait l’hebdomadaire L’Action qui deviendra plus tard Afrique Action.

Mais BBY n’est pas du genre à faire du journalisme lèche-bottes. Alors par deux fois, il va affronter l’ire du combattant suprême. La première fois, lors du procès intenté à Tahar Ben Ammar, l’ancien président du conseil et signataire des conventions de l’indépendance « pour recel de bijoux appartenant à la famille beylicale ». C’est, « une mauvaise querelle » ose écrire BBY qui a pris fait et cause pour le prédécesseur de Bourguiba à la primature. Sous la pression du premier président de la République tunisienne, l’Action dut se saborder pour ne reparaître que deux ans plus tard sous le titre « Afrique-Action ». Un nouveau clash allait survenir en septembre 1961 deux mois après la bataille de Bizerte. Un éditorial intitulé « le pouvoir personnel » fit sensation. L’étendue du pouvoir de Bourguiba y est vivement critiquée. « En Tunisie, Bourguiba a dit devant l’Assemblée le jour où la monarchie a été éliminée : je peux si je le voulais instaurer une monarchie en ma faveur et la transmettre. Je préfère la république. C’est vrai, il détient en droit et en fait plus de pouvoir que n’en avaient le bey et le résident général réunis ». Le texte non signé mais BBY en a revendiqué la paternité s’insurgeait contre la volte-face de Bourguiba en rapport avec l’affaire de Bizerte, alors que celui-ci avait engagé une bataille au coût humain terrible pour le peuple tunisien.

Si l’aventure s’arrêtera net pour « l’Afrique Action », il n’en sera pas de même pour Ben Yahmed qui a goûté aux voluptés du journalisme et qui n’est pas prêt à laisser tomber. L’homme déterminé, téméraire même qu’il est n’est pas du genre à jeter l’éponge facilement. C’est peut-être cette mésaventure, dont il a pesé certainement les conséquences qui va lui donner des ailes. Au propre comme au figuré. Puisque le magazine, devenu Jeune Afrique émigrera à Rome avant de s’installer à Paris. Mais ces vicissitudes ne vont pas altérer ses rapports avec Bourguiba. « Je l’admirais et lui m’aimait beaucoup » dira-t-il beaucoup plus tard quand le Combattant suprême n’est plus de ce monde. Bourguiba dira de lui : Béchir ne veut pas d’un fil à la patte, tant il savait que son ancien collaborateur tenait surtout à son indépendance. BBY reconnaitra qu’il a déchiré sa carte du Néo Destour lorsque Bourguiba instaura le parti unique de fait en gelant les activités du Parti Communiste tunisien (PCT) après la découverte du complot de 1962.

Quel rôle a joué BBY le Djerbien dans le conflit qui a opposé l’autre Djerbien Salah Ben Youssef à Habib Bourguiba l’orée de l’indépendance tunisienne. On n’en saura rien très longtemps. Il a fallu attendre le 17 mars 2016, dix jours après l’attaque de la ville de Ben Guerdane pour que BBY dévoile sa position franchement hostile à Ben Youssef qu’il décrit comme : « égocentrique et trop ambitieux, (qui) voulait accaparer tout le pouvoir et en écarter Bourguiba par tous les moyens ». A l’appui, il reproduit, pour la première fois, un document authentique daté du 9 avril 1956 portant la signature de Salah Ben Youssef, en sa qualité de « commandant en chef de l’Armée de libération de la Tunisie ». Il ajoute : « Le « généralissime » y répartit les commandements, révoque ou récompense. Et se voit porté par ses troupes jusqu’à Tunis, où le pouvoir lui échoirait naturellement. N’ayant pas réussi à renverser le gouvernement de l’indépendance, Salah Ben Youssef tentera de faire assassiner Bourguiba et finira lui-même assassiné dans une chambre d’hôtel de Francfort par ceux-là mêmes qu’il avait commissionnés pour éliminer Bourguiba ».

Pourquoi avoir choisi Paris pour y établir ses quartiers généraux. Certes la métropole de l’ancienne puissance coloniale était toute désignée, car c’est le pays de la langue qu’on s’est appropriée comme un butin de guerre selon le mot juste de l’écrivain algérien Kateb Yassine, mais pas seulement. Paris vivait au début des années une effervescence médiatique à nulle autre pareille. Deux magazines de gauche y tenaient le haut du pavé. D’abord, l’Express de centre-gauche créé par Jean-Jacques Servan-Schreiber et Françoise Giroud en 1953 au service de Pierre Mendès-France (le président du conseil français qui concéda l’autonomie interne à la Tunisie le 31 juillet 1954). Ensuite le Nouvel Observateur fondé par Claude Perdriel et Jean Daniel en 1964, héritier de l’Observateur. Classé de gauche avec une ligne sociale-démocrate, il est ouvert à toutes les gauches. Jean Daniel n’était pas un inconnu pour lui puisqu’il suivait pour l’Express à partir de Tunis où avait élu domicile le GPRA (gouvernement provisoire de la République algérienne) les développements de l’affaire algérienne. Blessé au cours de la bataille de Bizerte, il passa des mois à Tunis pour sa convalescence. D’ailleurs Perdriel est venu le chercher dans sa retraite de Sidi Bou Saïd pour le persuader de lancer avec lui le Nouvel Obs.

Pourquoi Jeune Afrique ? L’année du lancement du Magazine, 1960 vit une cascade d’indépendance des Etats africains du Sud du Sahara. Un continent sort du néant, dira BBY. Entre le 1er janvier et le 31 décembre de cette année, dix-sept pays africains deviennent indépendants, s’ajoutant aux sept qui le sont déjà. Le Cameroun, souverain depuis le 1er janvier, a inauguré la série. Ont suivi le Sénégal, le Togo, le Mali, Madagascar, le Zaïre (le Congo Léopoldville à l’époque), la Somalie. En août, ce sera au tout du Bénin ( le Dahomey de l’époque), Niger, Haute-Volta (l’actuelle Burkina Faso), Côte d’Ivoire, Tchad, Centrafrique, Congo (Brazzaville) et Gabon. En octobre, le Nigeria. En novembre, la Mauritanie. En Afrique du Sud, Blancs et Noirs s’affrontent avec une violence sans précédent (les massacres de Sharpeville datent de cette année-là), mais pour l’ensemble du continent le départ est définitivement donné. L’Algérie est toujours en guerre, mais le GPRA dirigé par Ferhat Abbas gagne la reconnaissance du monde. Le général Charles de Gaulle arrivé au pouvoir en 1958 est contraint d’en tenir compte. Pour la première fois il admet une Algérie algérienne le 14 juin 1960 et c’est « la République algérienne » qu’il évoque le 4 novembre 1960, tout en reconnaissant le FLN comme interlocuteur valable.

L’Afrique s’impose au monde et Jeune Afrique s’impose comme une évidence à Béchir Ben Yahmed et à l’équipe qu’il a formée autour de lui. Une équipe melting-pot à l’image de sa Djerba natale où cohabitent en bonne intelligence musulmans et juifs, noirs et blancs. BBY n’est pas peu fier que tous ceux qui ont travaillé à ses côtés se considèrent un peu chez eux à Jeune Afrique. Certes il est un mangeur d’hommes et ils sont nombreux à avoir collaboré à JA venant de tous les pays du continent du nord et du sud du Sahara, mais il est toujours constant en amitié. Seul François Soudan un nom prédestiné sera à ses côtés de longues années. Depuis 1977 sans discontinuer ce qui est un record lorsqu’on sait le nombre de ceux et celles dont les noms ont garni l’ours de la revue et qui sont partis parfois avec fracas. Il lui confiera d’ailleurs la maison lorsqu’il décide de lever le pied en 2007 en en faisant son successeur à la tête de la rédaction.

Aux côtés de Jeune Afrique, BBY lancera un magazine en anglais à Londres, mais il ne tiendra pas longtemps, car c’était très lourd à gérer. « J’ai tort d’abandonner » dira-t-il beaucoup plus tard. Il crée aussi Jeune Afrique Economie en 1974 qu’il revend à un ancien collaborateur le camerounais Blaise Pascal Talla. Cela donnera lieu à un procès devant les tribunaux puisque ce dernier veut utiliser le label Jeune Afrique. Son goût pour les journaux ne s’arrête pas là. En 1983, ce sera au tour d’Afrique Magazine (AM) de voir le jour qui se positionne comme le leader de la presse mensuelle panafricaine. A l’image des magazines américains AM pratique le mélange des genres, et traite à la fois de société, de culture et de politique. En 2006, il prend son indépendance et sort du groupe Jeune Afrique. Il est édité par la société AM International dirigée par Zyad Limam le fils d’un premier mariage de Danielle Ben Yahmed, l’épouse et l’associée de BBY. Dans l’escarcelle de ce dernier on trouve enfin les « Editions du Jaguar », une maison qui édite des ouvrages culturels et éducatifs qui aident à découvrir l’Afrique et le monde. Des guides de pays, des Atlas mais aussi des ouvrages de qualité ainsi que les recueils de « Ce que je crois » l’analyse hebdomadaire de BBY figurent dans le catalogue de ces éditions ainsi que d’ailleurs une édition de luxe du Coran.

Se définissant 2/3 journaliste, 1/3 gestionnaire, BBY veille sur ses bébés, les cajole et les soigne. Exigent avec lui-même comme avec les autres, il est du genre perfectionniste et ne se satisfait que de l’excellence. Les réunions de la rédaction sont pour ses collaborateurs un véritable calvaire. Certains n’hésitent pas à le qualifier d’autoritaire ou même de caractériel, ce que lui balaie d’un revers de main, n’y voyant que la manifestation d’un caractère pointilleux sans concession. Se trouvant à l’étroit en Afrique, il accole à Jeune Afrique un autre titre « L’Intelligent » avec l’idée de le substituer à terme au premier. Mais il admet maintenant que ce fut une erreur. « Le titre de « Jeune Afrique », aussi mythique soit-il, est un frein à sa diffusion hors de l’Afrique. Or je voulais étendre la diffusion du journal, qui était pour les trois quarts en Afrique et un quart à l’extérieur. Je voulais développer ce quart et me suis dit qu’on ne pouvait pas le développer avec le titre « Jeune Afrique ». J’ai essayé et je n’y suis pas arrivé. Cela a duré cinq ans», reconnaitra-t-il dans la longue interview publiée à l’occasion du 50ème anniversaire du magazine.

Propriétaire, directeur et rédacteur en chef de Jeune Afrique, ces titres ont fait de BBY l’équivalent d’un Chef d’Etat en Afrique. Il ne se rend pas dans un pays sans être longuement reçu par le président en exercice. Choyé, chouchouté même, il a connu presque tous les chefs d’Etat du continent qui se font un plaisir s’il ne se rend pas chez eux de venir le rencontrer dans son bureau de la rue d’Auteuil dans le 16ème arrondissement parisien. En plus de cinquante ans, il a fréquenté les grands dirigeants du monde. Dans son pays, il était resté proche de Bourguiba qu’il rencontrait assidument. D’ailleurs JA était le journal le mieux informé des affaires tunisiennes. En 1970, ayant titré Bourguiba choisit Nouira, le Combattant suprême dut surseoir trois mois à la nomination de Hédi Nouira comme Premier ministre pour ne pas paraître donner suite aux injonctions de JA. Avec Ben Ali, méfiant envers les journalistes, la relation a mis du temps pour s’établir. Mais BBY lui reconnaît une bonne connaissance de la question islamiste. En France son pays d’adoption, il a connu plutôt de près que de lui tous les présidents de la 5ème République à commencer par le plus illustre d’entre eux Charles de Gaulle. Mais ce sont surtout les hommes de sa génération, Valéry Giscard d’Estaing, François Mitterrand et surtout Jacques Chirac qui ont été parmi ses amis. Au Maghreb, avec l’Algérien Houari Boumediene Algérie et le Marocain Hassan II, il a eu des rapports ambivalents. Si sur le Sahara occidental, il s’est aligné sur la thèse marocaine s’attirant les foudres du président algérien qui d’un coup a privé le journal d’un tiers de son lectorat en mettant sa vie en danger, il n’est pas tendre avec le souverain alaouite. «  Hassan II, n’a jamais été mon type de chef d’État. Il prétendait à la fois faire avancer le Maroc, être moderne et défendre – trop à mon goût – les avantages de la tradition. Il a privé son peuple d’éducation, lui a fait prendre sur ce plan trente ans de retard, et ce qu’il a infligé aux prisonniers de Tazmamart est une abomination. Je n’aime pas ce genre d’homme d’État et cela se sentait. Il a eu un peu raison de croire que nous n’aimions ni sa façon de faire, ni sa politique », dira-t-il plus tard sans détour. Deux autres chefs d’Etat ne sont pas à son goût et il n’aurait jamais imaginé qu’ils dureraient au pouvoir autant qu’ils l’ont été. Il s’agit du leader libyen Mouammar Kadhafi et du président cubain Fidel Castro.

Mais s’il y a un chef d’Etat qu’il continue à admirer c’est le vietnamien Hô-Chi -Minh qu’il est allé voir à Hanoï en pleine guerre du Vietnam. Lui donnant de « Monsieur le président », le petit homme à la barbiche argent lui dit : « si vous êtes communiste appelez-moi ». « Non je ne suis pas communiste Monsieur le président » insiste BBY. « Si vous êtes anti-impérialiste, appelez camarade » réplique le chef du parti communiste vietnamien. Ce qu’il écrit sur cette rencontre lui a valu les remerciements du président camerounais Ahmadou Ahidjo qui lui a envoyé un émissaire de Yaoundé pour lui dire « merci de nous avoir les yeux » sur ce qui se passait dans ce pays du bout du monde.

Si BBY a décidé de lever le pied en 2007 et de ne plus suivre de près les affaires de son journal ni de présider sa réunion de rédaction, ce n’est pas qu’il s’y désintéresse. Mon vœu étant de voir JA lui survivre, il laisse faire ses enfants. Amir Ben Yahmed est en effet, le directeur général, alors que Marwane Ben Yahmed est directeur de la publication. Tous les deux sont directeurs exécutifs de la rédaction que chapeaute toujours François Soudan.

Dans JA, Béchir Ben Yahmed ne figure plus sur le générique qu’avec le titre de fondateur du magazine.

A quatre vingt dix ans, BBY continue à aimer les défis. Son dernier hobby est aussi un journal mensuel qu’il appelle au début « La Revue- Pour l’intelligence du monde », qu’il a raccourci en 2010 en « la Revue ». En avril 2015, le magazine change de format, passe en parution bimestrielle et opte pour une nouvelle pagination. « Ce journal il faut s’en occuper beaucoup, bien et longtemps pour le hisser au niveau de l’excellence internationale que j’ambitionne pour lui », dira-t-il. Un nouveau challenge qu’il tient à relever. »

L’hommage de l’Elysée

Le journaliste franco-tunisien Béchir Ben Yahmed, fondateur du magazine panafricain Jeune Afrique, s’est éteint ce jour, à 93 ans et pratiquement autant d’années de lutte, d’écriture et d’indépendance. Il était un grand témoin et une haute conscience de l’ère post-coloniale et des combats qui l’ont précédée.Béchir Ben Yahmed était né en 1928 sur l’île tunisienne de Djerba, lorsque la Tunisie était sous protectorat français. Fils d’un commerçant, il creusa d’abord cette veine paternelle par des études qui le menèrent jusque sur les bancs d’HEC. Mais le jeune homme sentait grandir en lui deux vocations, la politique et le journalisme, qu’il embrassa toutes deux avant de les marier sous les auspices du journal qu’il fonda.Jeune militant pour la souveraineté de son pays, Béchir Ben Yahmed fut de ceux qui négocièrent son autonomie puis son indépendance aux côtés de Habib Bourguiba. Nommé Secrétaire d’Etat à l’information sous le premier gouvernement de la Tunisie indépendante, à seulement 28 ans, il répondit en même temps à l’appel du journalisme en lançant L’Action en 1955, un hebdomadaire tunisien auquel il donna bientôt une envergure maghrébine mais qui fit long feu. En 1960, année phare des indépendances africaines, il décida de relancer le titre. Il n’avait que 10 000 francs, mais une ambition immense l’animait, une ambition aux dimensions d’un continent : créer un hebdomadaire panafricain, une agora d’encre et de papier qui puisse attiser le vent de liberté qui soufflait sur toute l’Afrique. Le 17 octobre 1960, les lecteurs francophones découvraient dans leurs kiosques le tout premier numéro d’Afrique Action, rebaptisé Jeune Afrique un an plus tard.Le magazine était piloté par un duo : Mohamed Ben Smaïl tenait les rênes de la rédaction et Béchir Ben Yahmed dirigeait « tout le reste », de la ligne éditoriale aux relations extérieures, des recrutements aux ventes, en passant par la publicité et la diffusion.Les colonnes du titre érigèrent l’un des piliers des luttes de décolonisation. Dans ses éditos, toujours intitulés « Ce que je crois », Béchir Ben Yahmed se faisait le chantre de la cause tiers-mondiste. Journaliste sans frontières, il sillonna le monde pour faire résonner depuis les tribunes de son journal toutes les voix de l’indépendance : il avait rencontré Che Guevara à Cuba, s’était entretenu à Hanoï avec Ho Chi Minh, en pleine guerre du Vietnam, fréquentait l’Égyptien Nasser, le Ghanéen Nkrumah, le Congolais Lumumba et l’Algérien Ben Bella.Au milieu des années 1960, en quête d’une plus grande indépendance vis-à-vis du pouvoir tunisien, il élut domicile à Paris et y installa le siège de son groupe. Depuis ses nouveaux quartiers, il fit rayonner son journal jusque sur le continent européen et auprès des communautés françaises issues de l’immigration africaine.Le titre, que ses fervents lecteurs appellent simplement « JA », fut un véritable vivier où de grands auteurs aiguisèrent leur plume et leur conscience politique : Frantz Fanon, le héraut de la décolonisation algérienne et l’auteur des Damnés de la terre, Jean Daniel, le futur fondateur du Nouvel Obs, Kateb Yacine, le poète des Aurès, Amin Maalouf, l’académicien ou encore Leïla Slimani, lauréate du prix Goncourt, tous participèrent à l’une des plus grandes aventures de la presse contemporaine. Et tous ont conservé le souvenir unique de passer sous les fourches caudines d’un relecteur acharné, aussi bienveillant qu’exigeant.Le journal, qui contribua à insuffler dans toute l’Afrique une conscience continentale, est devenu si influent au fil des décennies qu’il est parfois surnommé le 55e pays d’Afrique. A la fin des années 2000, « BBY » en avait transmis le flambeau à ses deux fils, Amir et Marwane, mais sans jamais renoncer à décrypter l’actualité africaine d’une plume alerte dont la lucidité clinique n’épargnait aucun chef d’Etat, ni africain, ni français. Le Président de la République salue un homme de presse et de conviction qui a accompagné et éclairé les indépendances africaines, qui a insufflé une fraternité d’âme entre les Etats de ce continent, et qui a incarné la profondeur du lien indéfectible entre la France et l’Afrique. Le Président adresse ses sincères condoléances à sa famille et à ses proches, à tous ceux qui ont collaboré à Jeune Afrique, à tous ses lecteurs en particulier et à tous les francophones en général. SERVICE DE PRESSE ET VEILLE DE LA PRÉSIDENCE DE LA RÉPUBLIQUE

Guy Sorman. Essayiste. Paris-NY

« Ah ! quel destin et quel personnage. Je suis honoré de l’avoir connu. » Guy Sorman

Jacques Gautrand, ancien rédacteur en chef-adjoint de Jeune Afrique Économie : « Un journaliste influent et un entrepreneur de presse inventif. »

« BBY a été à la fois un journaliste influent et un entrepreneur de presse inventif. Une combinaison de qualités assez rare dans ce métier. Il ne me vient à l’esprit que deux exemples dans ce registre : Philippe Tesson, fondateur du Quotidien de Paris et Jean-Louis Servan-Schreiber, cofondateur de L’Expansion et de Lire, entre autres titres.

BBY était autant capable d’écrire avec talent un article ou un édito que de négocier âprement avec des fournisseurs, des banquiers, des investisseurs, des publicitaires… Par son milieu familial, puis par ses études à HEC, BBY connaissait la réalité concrète de l’entreprise. Il avait cette audace de l’entrepreneur qui se lance en faisant un pari sur l’avenir – il s’est d’ailleurs engagé dans différentes aventures entrepreneuriales, plus ou moins heureuses. Mais en « Pater Familias », il a veillé à assurer, coûte que coûte, la pérennité de son entreprise initiale, Jeune Afrique, et organisé le passage de témoin. 

BBY faisait davantage confiance aux entrepreneurs, aux entreprises, qu’aux États pour développer l’Afrique. C’est dans cette posture d’esprit qu’a été lancé le magazine Jeune Afrique Économie en 1981. Il s’agissait de mettre en avant les initiatives et les personnalités entreprenantes qui créaient, investissaient, innovaient, et transformaient ainsi le visage du Continent. Je me souviens d’avoir participé, sous son autorité, à l’élaboration avec Samir Gharbi des premiers classements des entreprises africaines, puis des banques africaines. Ces palmarès annuels, très attendus, ont débouché sur l’élection de l’Entrepreneur africain de l’année et du Banquier de l’année…

Au cours des dernières décennies, l’esprit d’entreprise s’est beaucoup développé sur le Continent. De nouvelles générations d’entrepreneurs ont monté avec succès des sociétés, et même des groupes à vocation internationale. Dans la presse et la communication, l’exemple de BBY a fait aussi des émules, avec une floraison de nouveaux médias…

Souhaitons longue vie à Jeune Afrique et à ses équipes, et à tous ceux qui entreprennent pour transformer la vie quotidienne et rendre ce monde meilleur ! « 

Mamadou SECK : « BECHIR BEN YAHMED SECHE SA PLUME »

Fondateur de Jeune Afrique et La Revue, deux dividendes pour l’Afrique

«Décès de Béchir Ben Yahmed, on va l’annoncer officiellement sous peu.» C’est par ce laconique et matinal message WhatsApp d’un ami douanier, que j’ai appris la disparition du père de Jeune Afrique, ce 3 mai. Sautant du lit, j’ai rallié le site de jeuneafrique puis le twitter de Marwane Ben Yahmed, mais la nouvelle n’y était pas encore annoncée. Elle le sera quelques heures plus tard. Combattant éternel du verbe, sa plume n’encrera plus. Asséchée à jamais par le meurtrier Coronavirus, cette plume a révélé l’Afrique au monde entier.

Mon parcours avec Béchir Ben Yahmed démarre le 28 novembre 2017, suite à mon email du 21 novembre, après avoir lu le numéro 74 de La Revue. Courriel dans lequel, je lui disais mon intérêt pour ses deux supports : La Revue et Jeune Afrique. Un magazine que je lis depuis mes années collégiennes. Réactif, il me demandera de lui envoyer mes propositions pour La Revue, et de m’adresser pour Jeune Afrique à Marwane Ben Yahmed ou à François Soudan. Le 1er février 2018, il m’invite à prendre part à la réunion du Comité de rédaction de La Revue à 9 heures 45, dans les locaux de Jeune Afrique Rue d’Auteuil dans le 16e arrondissement de Paris. C’est la première fois que je voyais Béchir Ben Yahmed dont, lecteur de «Ce que je crois», j’ai reconnu le visage au seuil de la salle de réunion. «Bonjour M. Seck, viens ici, tu vas te mettre à côté de moi. Je vous présente M. Seck, journaliste sénégalais et écrivain. M. Gouraud, M. Seck sera notre représentant en Afrique de l’Ouest, il voyage beaucoup en Afrique», annonce Béchir Ben Yahmed à l’assemblée. Après un tour de table, il me donne la parole et mon premier papier sur le Djihadisme a été accepté et publié. A chaque Comité de rédaction, je m’installais à gauche de Béchir Ben Yahmed. «M. Seck viens ici, tu m’es proche», me lançait-il, souriant, les yeux toujours plissés. Me restera toujours vivante sa volonté inextinguible de toujours participer aux combats de la vie. Pour notre gouverne, grand acteur et artisan de l’indépendance de son pays, la Tunisie, et de nombre d’autres pays africains, il a continuellement lutté pour l’installation de la démocratie et du multipartisme dans les pays africains nouvellement indépendants. Sa plume n’a jamais épargné ces présidents africains désirant s’éterniser au pouvoir. Et si son moteur n’était que pécuniaire, Jeune Afrique n’existerait pas. Très jeune (28 ans) ministre dans le gouvernement de Bourguiba, côtoyant tous les grands du monde, Béchir Ben Yahmed a toujours voulu être au rendez-vous de la lutte pour la démocratie, la paix, la justice et l’égalité des chances. Une chance qu’il m’a donnée, en m’incitant à toujours approfondir mes recherches dans les sujets d’enquêtes que je lui proposais pour La Revue. L’âge ne lui a rien fait perdre de sa rigueur pour l’écriture journalistique. Au contraire, plus il vieillissait, plus pointilleux il était sur la déontologie journalistique. Très porté sur les questions liées au terrorisme, Béchir Ben Yahmed me documentait sur le sujet. Paternel, il m’a même une fois envoyé avant parution, sa chronique «Ce que je crois», me gratifiant d’éléments pour mon dossier sur le terrorisme. Généreux à l’excès, à chacun de mes voyages en Afrique, il me mettait en rapport avec de hautes autorités. Notre dernier échange par email remonte au 12 mars 2021 pour la préparation du numéro 93 du mois de mai, après mon papier sur les Wade paru dans le numéro 92.

Un des derniers jeunes journalistes sénégalais à avoir fréquenté Béchir Ben Yahmed dans la forge de qui,  plusieurs journalistes, devenus patrons de presse ou ministres, se sont outillés, je me sens orphelin de ce père et grand-père qui, à travers sa plume, s’est battu pour l’indépendance des pays africains et a participé à son développement intellectuel. Plus qu’un magazine, Jeune Afrique est une école, fonctionnelle à l’africaine. Et Marwane Ben Yahmed a de qui tenir, pour avoir su faire face aux vents violents contre la ligne rédactionnelle. Il m’avait intégré au site en ligne jeuneafrique.com où l’aventure sera moins longue qu’avec La Revue, mais fort intéressante. De même, Amir Ben Yahmed, à travers Africa Ceo Forum, participe aux rayonnements des entreprises africaines. Autant de dividendes léguées par Béchir à l’Afrique. Lesquelles, Ce que je crois – il m’aurait prếté sa formule avec sourire, profiteront plus aux générations futures qu’à celles qui les ont précédées. Paix à votre âme Grand-père Béchir Ben Yahmed.

Mamadou SECK

Journaliste-écrivain

Grand Reporter L’OBS

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