L’une des plus grandes plumes du roman d’espionnage vient de nous quitter. John Le Carré est décédé à l’âge de 89 ans, a annoncé son agent.« C’est avec une grande tristesse que je dois annoncer que David Cornwell, connu dans le monde sous le nom de John le Carré, est décédé après une courte maladie (non liée au Covid-19) en Cornouailles samedi soir, le 12 décembre 2020. Il avait 89 ans. Nos pensées vont à ses quatre fils, à leurs familles et à sa chère épouse, Jane (…) Nous avons perdu une grande figure de la littérature anglaise ». Et de louer son « grand esprit », sa « gentillesse », son « humour » et son « intelligence ».
Sa famille – il avait été marié deux fois, avait quatre fils et treize petits enfants- a confirmé la triste nouvelle dans la foulée : « C’est avec une grande tristesse que nous devons confirmer que David Cornwell – John le Carré – est décédé d’une pneumonie samedi soir après une courte bataille contre la maladie ».
John Le Carré était un ancien agent secret. Son enfance n’avait pas été des plus faciles. Sa mère avait disparu quand il avait cinq ans. Son père faisait des séjours en prison régulièrement – il fera son portrait à peine déguisé dans « Un pur espion » (1986)- « Les gens qui ont eu des enfances malheureuses sont assez bons pour s’inventer eux-mêmes». John Le Carré avait travaillé pour les services secrets britanniques alors qu’il étudiait l’allemand en Suisse au lendemain de la Seconde Guerre mondiale en 1950. Sa carrière avait été ruinée par l’agent double britannique Kim Philby qui avait révélé la couverture de nombreux de ses compatriotes au KGB. John Le Carré – David Cornwell, de son nom véritable – avait alors dû démissionner du MI6. Il était devenu le maître du roman d’espionnage après la parution de son troisième roman, L’Espion qui venait du froid en 1964, vendu à plus de 20 millions d’exemplaires dans le monde. Le livre narre l’histoire d’Alec Leamas, un agent double britannique, passé en Allemagne de l’Est. Il sera adapté au cinéma avec un inoubliable Richard Burton. Autre maître du genre, Graham Greene avait salué « la meilleure histoire d’espions jamais lue« .
John Le Carré a écrit vingt-cinq romans et un volume de mémoires, “The Pigeon Tunnel” (2016). Il a vendu au total plus de soixante millions de livres dans le monde. De son oeuvre, on retiendra de nombreux ouvrages dont : La Taupe, Le Tailleur de Panama, Le Directeur de nuit, La Constance du jardinier ou encore Une amitié absolue.
Il ne cachait pas ses engagements, considérant Boris Johnson comme « un porc ignorant » ou le Brexit comme « une folie« .
Aux mondanités du monde littéraire, il préférait la paisible existence qu’il menait dans les Cornouailles. En ce début d’année 2020, il avait été récompensé du prix Olof Palme pour son engagement humaniste et il avait fait don des 1000 000 dollars attribués à l’ONG Médecins sans Frontières.
« Je suis juste un écrivain qui fut, brièvement, un mauvais espion« , disait-il. Dans Le Tunnel aux pigeons : Histoires de ma vie, publié en 2016, l’écrivain ajoutait : “Je suis un menteur. Né dans le mensonge, éduqué dans le mensonge, entraîné à ça par un service qui ment pour vivre, rompu au mensonge par mon métier d’écrivain.”
N.P
Revivez le portrait passionnant réalisé par La Grande librairie et François Busnel en 2018.
Et son passage dans Apostrophes avec Bernard Pivot en 2012.
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