Lloyd Austin aux portes du Pentagone ? : Un bon choix ?

C’est le choix de Joe Biden non confirmé encore à ce jour. Le général Etienne Copel donne son point de vue.

Joe Biden a choisi une femme pour diriger le Trésor américain, un blanc pour la politique étrangère et voilà qu’il aurait désigné un noir pour superviser les Armées. Comme son vice-président est une femme non blanche, on peut considérer que le président élu a réussi à bien afficher sa volonté de rassemblement : ses principaux conseillers représentent le mieux possible la diversité du peuple américain. Rien à redire donc à la nomination du général Lloyd Austin à la tête du Pentagone ? Eh bien si.

Le fait que le Secrétaire à la Défense soit un descendant d’esclave va sans doute faire enrager quelques descendants des armées sudistes mais ce n’est pas grave et même probablement une bonne chose. Le problème vient du fait que le général Austin est … général. Non pas parce que sa carrière est discutable. Bien au contraire, il a « tout bon ». C’est un opérationnel au sens le plus pur qui a réussi dans tous ses commandements. La difficulté vient du fait que le législateur américain, dans sa sagesse, a tenu à bien séparer les fonctions civiles du Secrétaire à la Défense des responsabilités militaires de ses subordonnés couverts d’étoiles. Pour cela il a prévu qu’un militaire ne peut diriger le Pentagone s’il n’est pas à la retraite depuis au moins 7 ans … ce qui revient presque à l’exclure de ce poste.

Alors, bien sûr, ce que le législateur a prévu le législateur peut le défaire. Quand Donald Trump nouvellement élu a voulu nommer le glorieux général James Mattis à la Défense, il a dû demander une dérogation au Sénat. Et il l’a obtenue, malgré les critiques des Démocrates rappelant que chacun doit rester à sa place : les militaires sur le terrain et une autorité civile pour donner les orientations fondamentales et diriger les commandes de l’Etat. Donald Trump regrette-t-il sa demande de dérogation ? A-t-il souffert de se séparer de son glorieux officier des « Marine » ? Peut-être, mais ce n’est pas bien intéressant compte tenu de la façon pour le moins particulière dont le Président sortant a mené son gouvernement.

Reste le fond du problème. Un général est-il a priori bien qualifié pour diriger un ministère de la Défense ? La question se pose dans tous les pays du monde. En relisant « Vers l’armée de métier » on peut penser que de Gaulle questionné aujourd’hui répondrait non. Ecoutons-le : « … l’armée par nature est réfractaire au changement. … Vivant de stabilité, de conformisme, de tradition, l’armée redoute d’instinct ce qui tend à modifier sa structure. » Ou bien encore : « Le corps militaire parait tendre surtout à donner à l’élite de ses chefs la formation voulue pour agir dans des circonstances analogues à celles qu’on vient de traverser ». Alors, bien entendu, le général de Gaulle n’a jamais nommé un général d’active à la tête de ses armées.

Dans cette optique, on peut penser que le général Lloyd Austin ne serait pas le meilleur choix pour préparer les armées américaines à un conflit moderne. Par exemple avec la Chine à propos de Taiwan.

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