Nawal Saadaoui : « La Simone de Beauvoir » du monde arabe nous a quittés

La plus grande militante féministe arabe s’en est allée le 21 mars dernier. Nawal Saadaoui, la Simone de Beauvoir du monde arabe, morte à l’âge de 90 ans après une vie vouée à la lutte pour le droit des femmes et leur dignité.
Par Fawzia Zouari.

Médecin psychanalyste de formation, auteure d’une cinquantaine d’ouvrages, elle fut la bête noire des islamistes qui l’ont toujours abhorrée en raison de ses positions franches et tranchées contre le port du voile, l’inégalité dans l’héritage, ou l’excision qu’elle avait subie elle-même.

Nawal ne fut pas non plus en odeur de sainteté auprès des régimes arabes dont elle dénonçait la dictature, le parti unique ou les violences policières. Enfin, elle scandalisait une bonne partie des sociétés conservatrice et peu habituées à entendre traiter publiquement de sujets tabous telles que la sexualité ou la jouissance féminine.

C’est en raison ce combat acharné contre toutes les formes d’oppression que la vie de Nawal Saadaoui ne fut pas un long fleuve tranquille. Loin de là. Accusée de crime contre l’État en 1881 et emprisonnée pour s’être opposé à la loi du parti unique sous Anouar al-Sadate, elle profitera de son séjour pour écrire les Mémoires de prison des femmes – l’histoire raconte qu’elle rédigea ce livre sur un rouleau de papier toilette, avec un crayon à sourcils introduit par une prisonnière-.

Divorcée de force de son mari, condamnée à mort par les fatwas islamistes, obligée de s’exiler de son pays à plusieurs reprises, elle sera attaquée par l’institution religieuse d’Al-Azhar, en 2007, pour atteinte à l’islam.

Censurée, bannie de la plupart des foires du livre arabe, boycottée par les régimes radicaux, elle ne baissera jamais les bras. Et mourra en digne descendante de sa compatriote Hoda Chaaraoui, cette pionnière du féminisme en terre d’islam qui, en 1923, dans la rade d’Alexandrie, en un geste qui restera dans les annales, jettera son foulard à la mer.

F. Z.

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