C’est une première : la Nigériane Ngozi Okonjo-Iweala, 66 ans, a été nommée à la tête de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) qui depuis sa création en 1995 a été dirigée par six hommes : trois Européens, un Néo-zélandais, un Thaïlandais et un Brésilien.
Elle devient la première femme et la première dirigeante originaire d’Afrique à accéder à la tête de l’institution.
Ngozi Okonjo-Iweala prendra ses fonctions le 1er mars prochain. Son mandat, renouvelable, expirera le 31 août 2025. – Sa seule autre rivale, la ministre sud-coréenne du commerce Yoo Myung-hee s’était retirée de cette élection.-
Ngozi Okonjo-Iweala est une économiste chevronnée qui est considérée comme l’une des femmes les plus puissantes du Nigeria. Fille d’une professeure de sociologie et d’un prof d’économie, elle a grandi avec sa grand-mère jusqu’à ses 9 ans, alors que ses parents finissaient leurs études. «J’ai fait tout ce qu’une fille de village ferait, aller chercher de l’eau, aller à la ferme avec ma grand-mère et réaliser toutes les tâches possibles. J’ai vu ce que signifiait la pauvreté». A 19 ans, elle rejoint Harvard et en sort avec un diplôme en économie. A 28 ans, elle entre à la Banque mondiale où elle a fait une très belle carrière pendant un quart de siècle. Ngozi Okonjo-Iweala a été à deux reprises ministre des Finances, une première fois de 2003 à 2006 sous la présidence d’Olusegun Obasanjo, puis de 2011 à 2015 sous Goodluck Jonathan – mandature qui verra le Nigeria devenir la première puissance économique d’Afrique, devant l’Afrique du Sud. Récemment présidente du conseil d’administration de Gavi Alliance, elle avait pris en charge l’accès et le financement de la vaccination contre le Covid-19 en Afrique. Un dossier sensible qu’elle continuera à suivre et qui sera plus que jamais au coeur de sa mission parmi d’autres nombreux dossiers : la digitalisation du e-commerce, les questions environnementales, la réorganisation interne de l’OMC.
A la Banque Mondiale, elle s’est attaquée à lutter contre la corruption – avec plus ou moins de succès- mais on ne peut pas lui reprocher d’avoir pri de gros risques. Elle Ngozi Okonjo-Iweala est surnommée “Okonjo Wahala”– “Okonjo l’enquiquineuse”. Sa mère sera kidnappée par des ravisseurs qui réclamaient sa démission. Cette femme de 82 ans avait réussi à s’échapper !
Le prestigieux Time la classe parmi les 100 personnes les plus influentes au monde en 2014 et Fortune parmi les 50 plus grands leaders de la planète en 2015.
Des hashtags comme #JustLikeNgozi ou plus récemment #BeLikeNgoziChallenge témoignent de sa grande popularité.
Son élection a été saluée dans le monde entier. Pierre Jacquemot, ancien ambassadeur et fin connaisseur du continent africain commente : « L’arrivée de Christine Lagarde au Fonds monétaire international constituait déjà un symbole fort pour les femmes. Là, nous avons de nouveau une femme, une Africaine, qui prend la tête d’une institution à l’allure assez machiste jusqu’à présent ».
« Je pense que l’OMC est trop importante pour être ralentie, paralysée et moribonde. Ce n’est pas juste« , a estimé Ngozi Okonjo-Iweala lors de sa première intervention publique. L’OMC doit s’atteler à son but premier, celui d’améliorer les niveaux de vie dans les pays pauvres, de créer des emplois décents pour les gens. Le commerce a certainement un rôle à jouer dans la reprise économique après la crise du Covid-19.«
Ngozi Okonjo-Iweala devrait apporter un vrai nouveau souffle à l’OMC
N.P
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