C’est une première sous la V ème République : l’ancien président de la République Nicolas Sarkozy a été déclaré coupable lundi à Paris de corruption et de trafic d’influence dans l’affaire dite des « écoutes », qui avait éclaté en 2014, deux ans après son départ de l’Elysée.
Il a été condamné à une peine de 3 ans de prison dont deux ans avec sursis.Nicolas Sarkozy était jugé pour « corruption » et « trafic d’influence » dans l’affaire Paul Bismuth. Le parquet national financier (PNF) avait requis quatre ans de prison, dont deux ans ferme à son encontre.
Cette affaire a démarré en 2014 suite à des interceptions téléphoniques avec son avocat historique Thierry Herzog. Le tribunal correctionnel a estimé qu’un «pacte de corruption» avait été conclu entre l’ex-président aujourd’hui âgé de 66 ans, Me Thierry Herzog et l’ancien haut magistrat Gilbert Azibert, également condamnés à trois ans de prison dont un ferme.
La présidente de la 32e chambre correctionnelle du tribunal de Paris, Christine Mée a indiqué que les faits étaient « d’une particulière gravité ayant été commis par un ancien président de la République (…) Il s’est servi de son statut et de ses relations politiques et diplomatiques pour gratifier un magistrat ayant servi ses intérêts personnels« .
Sa femme Carla Bruni vient de réagir : « Quel acharnement insensé mon amour… le combat continue, la vérité fera jour. #injustice«
En fin de journée, on apprenait que l’ancien chef de l’Etat allait faire appel. Son avocate Jacqueline Laffont a confié : « Cette décision est en décalage total avec la réalité de l’audience. Nicolas Sarkozy est calme mais déterminé à poursuivre devant la cour d’appel la démonstration de son innocence. Le sentiment que nous avons aujourd’hui, en écoutant les quelques bribes de motivations livrées par le tribunal, c’est que cette décision est en décalage total avec la réalité de l’audience. Un jugement normalement identifie les preuves. Là nous avons été dans un tribunal qui a été dans l’incapacité de trouver des preuves (…) La cour d’appel est faite souvent pour relaxer les personnes qui ont été injustement condamnées en première instance ».
Ce soir le ministre de l’intérieur d’Emmanuel Macron, Gérald Darmanin a tenu à apporter un témoignage de soutien à Nicolas Sarkozy : « Nicolas Sarkozy a évidemment tout mon soutien amical. Je ne commente jamais des décisions de justice. Chacun sait l’affection le respect que j’ai pour Nicolas Sarkozy, qui a été un grand président de la République. En ces moments difficiles, il a évidemment mon soutien amical, je n’oublie pas tout ce qu’il a apporté à notre pays. »
Nicolas Sarkozy bénéficiera d’une peine aménagée comme l’a expliqué Christine Mée, la présidente de la 32e chambre, « sous le régime de la détention à domicile sous surveillance électronique eu égard à sa situation personnelle».
Nicolas Sarkozy n’ira donc pas en détention.
L’ex chef de l’Etat n’en a pas fini avec la justice. Il a fait appel et a, de nouveau, rendez-vous au tribunal judiciaire le 17 mars. Cette fois, il doit comparaître dans le cadre de l’affaire dite « Bygmalion » – deux affaires bien différentes-. L’ex-chef de l’État sera, cette fois, jugé pour « financement illégal d’une campagne présidentielle » et il risque beaucoup moins.
Alors qu’on le disait recours de la droite pour la prochaine présidentielle, cette dernière risque bien de s’éloigner…
Réactualisé:
Nicolas Sarkozy sera au JT de TF1 demain mercredi 3 mars. Il se confie également au Figaro :
– «J’ai ressenti l’injustice profonde, choquante, des procédures lancées contre moi depuis dix ans. »
– « J’ai aussi conservé ma détermination pour que triomphent le droit et la justice, comme cela devrait se produire dans un État de droit.»
– « J’envisage d’aller jusqu’à la Cour européenne des droits de l’Homme s’il le faut. Ce serait pour moi une souffrance que d’avoir à faire condamner mon propre pays, mais j’y suis prêt car ce serait le prix de la démocratie»
– « Ce qui s’est passé hier lundi 1er mars constitue une profonde injustice que personne ne pourrait admettre. Je ne peux en effet accepter d’avoir été condamné pour ce que je n’ai pas fait».
– « Le jugement, un document de 254 pages, est truffé d’incohérences».- « Il est écrit noir sur blanc que je n’ai accompli aucune intervention à Monaco en faveur de Gilbert Azibert. Mais le tribunal estime dans le même temps que j’aurais utilisé les relations liées à mes anciennes fonctions de président de la République pour obtenir une faveur à Monaco. Il faudrait savoir: c’est soit l’un soit l’autre ! »
– « Le jugement ne fait pas état de preuves, mais d’un faisceau d’indices. J’affirme que pour condamner, dans un État de droit, il faut des preuves ».
– « Dans quelle démocratie le leader de l’opposition que j’étais à l’époque peut-il être ainsi espionné, pendant sept mois, en voyant le contenu de ses conversations livrées à la presse ? »
N.P
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