« Président des riches » et en même temps…

La sortie d’Emmanuel Macron contre l’évasion fiscale lors de son discours à Davos à suscité bien des commentaires ironiques. Pourtant, estime Etienne Copel, le président français doit peut-être être pris au sérieux. 

Favoriser les riches et en même temps les fustiger. Reprenant son discours de la veille à Versailles, Emmanuel Macron a d’abord martelé à Davos : « France is back. » La France est de retour, elle n’est plus l’ennemie de la finance, elle baisse les impôts des entreprises, elle supprime l’impôt sur la fortune des créateurs de richesse, elle simplifie le droit du travail, elle fait tout pour attirer les déçus du Brexit, elle s’oppose au protectionnisme… Bref investissez chez moi et vous serez plus riche.

Quand on sait à quel point l’industrie française a besoin d’être dynamisée, on ne peut pas reprocher au président français de vanter les mérites de son pays. Il veut essayer d’améliorer une balance commerciale tristement déficitaire et diminuer un chômage qui stagne à proximité de 10%. Rien à redire à cela.

Le problème vient de la deuxième partie de son discours. Quand il se met à fustiger les multinationales, qui pratiquent « l’optimisation fiscale à tous crins », et à déplorer que les 1% les plus riches de la planète deviennent de plus en plus riches, aggravant ainsi les inégalités, et rendant celles-ci de plus en plus difficiles à supporter. La croissance des inégalités est une réalité très lourde, voire terrifiante, et là encore on ne peut faire grief à Macron de la pointer du doigt.

Un plan concret ?

Mais, en développant ces deux thèmes dans le même discours, Macron a, bien sûr, été taxé de pratiquer le « faites ce que je dis, pas ce que je fais ». Il est des cas où le « en même temps » est difficile à rendre crédible. Certes, le président a esquissé une amorce de solution en vantant les mérites du multilatéralisme et en incitant les entreprises à « refonder un vrai contrat mondial ».

Belle formule, pleine d’espoir, mais manquant quelque peu de concret ! Notons d’abord que pour refonder un contrat mondial il faudrait d’abord qu’il y en ait déjà eu un. Quand ? Où ? Macron pense-t-il à l’idéal des pères fondateurs de la SDN et de l’ONU. Peut-être. En tout cas il ne l’a pas précisé. Il s’est contenté de constater que « Quand on regarde le droit social et le droit fiscal, ces sujets qui fondent le cœur d’un Etat, nous avons un affaiblissement continu ».

C’est cette phrase qui, malgré le flou du discours de Davos, me porte à un certain optimisme. Sans aucune preuve, je me mets à espérer que le président Macron a un «  truc » dans sa besace. Un truc qu’il réserve peut-être à ses pairs du G20. Un truc qui permettrait de créer une sorte d’impôt mondial sur la fortune des hyper-riches pour réduire petit à petit les inégalités et lutter concrètement contre les méfaits du dumping fiscal.

Le président Macron réussira-t-il à lancer un minimum de droit social et fiscal mondial ? Pourquoi pas ?

On a toujours le droit de rêver.

Par Etienne Copel

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