Sanctions sans frontières

C’est la nouvelle mode des relations internationales ! Bien sûr elle vaut mieux que la douce habitude de nos ancêtres de se faire la guerre pour des motifs futiles. Pourtant, force est de constater que les peuples, eux, sont toujours en première ligne…

Aujourd’hui, 45 pays sont sanctionnés par l’Union Européenne ou les Etats-Unis. Les motifs ne sont pas toujours futiles et ne sont que rarement scandaleux. L’idée de base des sanctions économiques est que l’on ne peut pas rester sans réagir quand un régime bafoue les droits de l’homme les plus élémentaires ou brave ostensiblement le droit international. Quand la Russie a envahi la Crimée ukrainienne les démocraties européennes ont tenu à montrer leur désapprobation pour que le principe d’inviolabilité des frontières ne reste pas impuni en cas de viol. Admettons ! L’ennui est qu’il y a quelque chose de malsain à recevoir en grande pompe – par exemple à Versailles mais aussi à Washington- un dirigeant par ailleurs très officiellement sanctionné.

Donald Trump est manifestement le champion du monde des redresseurs de torts, sanctionnant à tout va : ennemis supposés et amis officiels de sa propre alliance. Le meilleur exemple –si l’on peut dire !- est celui de l’Iran durement sanctionné alors que ce pays respecte à la lettre le traité qui lui avait été imposé par les Etats-Unis et ses alliés. En ne respectant pas le traité signé par son prédécesseur c’est manifestement l’actuel président des Etats-Unis qui viole la loi internationale. Ce faisant il met à genoux l’économie iranienne et gêne considérablement les pays, comme la France, dont de nombreuses grandes entreprises rompent leurs contrats avec l’Iran par peur des sanctions américaines. Scandaleux !

Bien entendu, les Etats sanctionnés cherchent à réagir. Après les sanctions viennent les représailles. Certains comme l’Iran ne peuvent pas grand-chose, tout au moins dans l’immédiat. D’autres comme la Russie et la Chine peuvent proférer des menaces plus crédibles et éventuellement passer à l’acte. De nombreux agriculteurs européens ont souffert des représailles russes et bien des industriels américains sont inquiets des représailles évoquées par les Chinois.

Cuba, sanctionné par les Etats-Unis depuis 1960, est le vétéran indiscutable des sanctions économiques … peu efficaces. Le peuple vit dans une grande pauvreté mais le régime survit et tous les témoignages le prouvent : les Cubains continuent à chanter et danser. Ils sont toujours joyeux. Malheureusement, de nos jours les sanctions économiques ont souvent des conséquences bien plus lourdes. La misère générée par des sanctions irréfléchies peut conduire à des tensions graves débouchant même sur des conflits armés.

Pendant des millénaires les rois et les empereurs ont déclenché massacres sur massacres presque toujours sans prendre de risques personnels. Avec les sanctions internationales le principe reste le même : les chefs décident et les peuples souffrent.

Etienne Copel.

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