Depuis plusieurs jours le contexte est très tendu au Sénégal : plusieurs jeunes réclament la libération de l’opposant Ousmane Sonko, qui avait terminé avec le troisième score de la présidentielle de 2019 et qui est pressenti comme l’un des principaux concurrents pour la prochaine échéance de 2024. Le nombre de morts s’élève à ce jour au moins à 4. Le ministre de l’Intérieur du Sénégal, Antoine Félix Abdoulaye Diome a déclaré : «Le gouvernement regrette la perte de quatre vies humaines. Il condamne des actes de nature terroriste et nous lançons un appel au calme, à la sérénité et à l’apaisement« .
Le Mouvement de défense de la démocratie, qui regroupe des opposants au président Macky Sall, a appelé hier samedi, lors d’une conférence de presse qui s’est tenue à Dakar, les Sénégalais « à descendre massivement dans les rues pendant trois jours à compter du lundi 8 mars »
.Le collectif de contestation regroupe des partis politiques, dont le parti de Ousmane Sonko, Pastef-Les Patriotes, des associations et des membres de la société civile. Il réclame « la libération immédiate de tous les prisonniers politiques illégalement et arbitrairement détenus et le respect du droit de manifester ».
Un jeune manifestant explique au Monde : « Sall, Karim Wade… Tous les adversaires politiques de Macky Sall ont été éliminés. Sonko est le seul espoir. S’il est arrêté, le Sénégal n’aura plus d’opposition ». Pour le politologue Papa Fara Diallo, enseignant-chercheur à l’université Gaston-Berger de Saint-Louis, au Sénégal, cette colère a des causes plus profondes : «Il y a cette jeunesse qui est en colère contre le système par rapport au manque de perspectives. C’est cette colère-là qui est en train de s’exprimer actuellement dans la rue et qui dépasse clairement le cadre partisan du parti Pastef, le parti d’Ousmane Sonko ».
Plusieurs enseignes françaises ont été visées pendant cette première phase des manifestations : la France est volontiers considérée comme un soutien du président sénégalais.
Ousmane Sonko, 46 ans, avait été arrêté officiellement pour trouble à l’ordre public, alors qu’il se rendait en cortège au tribunal où il était convoqué pour répondre à des accusations de viol portées contre lui par une employée d’un salon de beauté dans lequel il allait se faire masser pour, dit-il, « soulager ses maux de dos« . Le député, également à la tête du parti politique Pastef (Patriotes du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité), dénonce une « machination politique« .
La Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) a condamné ce samedi les violences survenues ces derniers jours au Sénégal, et elle appelle «toutes les parties à la retenue et au calme». La veille, le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres s’était dit « très préoccupé » et a appelé « à éviter une escalade ».
N.P
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