Et si les méthodes de la lutte anti-criminelle étaient les plus adaptées pour contrer le retour en force des Taliban ?
Les Taliban ne sont guère plus sympathiques que les massacreurs de Daech. Leurs comportements vis-à-vis des femmes sont semblables. Leurs méthodes d’exécution des homosexuels sont aussi horribles… Alors, même si on n’apprécie pas toujours les méthodes employées par les Américains en Afghanistan, il est difficile de ne pas souhaiter leur victoire face au retour en force actuel des Taliban.
Puisque Daech vient d’être écrasé en Syrie et en Irak, on peut se demander si en employant les mêmes méthodes les Américains n’arriveront pas à débarrasser l’Afghanistan de l’emprise talibane.
En fait, Daech a commencé à perdre au Levant dès que sa seule frontière avec l’extérieur lui a été fermée. Lorsque les Kurdes et quelques autres ont pris le contrôle des routes conduisant en Turquie ils ont transformé l’immense territoire tenu par Daech en un château fort, riche à milliards, mais isolé. Malheureusement, le même traitement ne peut pas être utilisé pour neutraliser progressivement les Taliban : les hautes montagnes afghanes rendent les frontières totalement perméables.
Une organisation criminelle
Dans ces conditions, les Américains sont amenés à chercher une autre solution pour asphyxier les Taliban. Si l’on en croit le général John Nicholson, commandant les forces américaines en Afghanistan, cette solution ils l’ont trouvée en « frappant les Taliban là où cela fait mal : leur financement ». Pour lui : « Les Taliban sont devenus une organisation criminelle. Ils combattent pour continuer leurs activités criminelles : trafic de narcotiques, exploitations illégales de mines, kidnapping, meurtres à gages. » La plus lucrative de ces activités étant sans conteste le trafic de stupéfiants, c’est là que les responsables Afghans et Américains ont décidé de frapper en priorité.
La deuxième quinzaine de novembre a vu un nombre spectaculaire de raids aériens viser sept laboratoires de stupéfiants et un centre de direction du trafic dans la province du Helmand. Ont été utilisés aussi bien de relativement petits appareils Super-Tucanos à hélices de l’armée de l’air afghane que des bombardiers lourds B52 ou des F22 Raptor, avions d’appui ultra modernes de l’armée de l’air américaine.
Le résultat sera-t-il à la hauteur des espérances du général Nicholson ? Il est difficile d’être affirmatif, mais cette voie nouvelle méritait d’être explorée. Et, si elle ne fait pas beaucoup de mal aux Taliban qui trouveront peut-être d’autres sources de financement, au moins elle limitera la production de narcotiques « Made in Afghanistan ».
Général Etienne Copel
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