Il est des mots qui surgissent un jour dans le discours public et qui, on ne sait pourquoi, connaissent un succès tel qu’on les utilise à tout bout de champ.
C’est le cas depuis quelques années de « disruption ». Mais également de « déconnexion » et d’« ubérisation ». Dans la série des mots en « ion », on entend tous les jours parler de transition. De « transition écologique » précisément. Au demeurant, elle a son ministère, dont le patron, François de Rugy, a la lourde charge de succéder au très médiatique Nicolas Nulot.
Cette transition – on parlait jusqu’ici de développement durable – se décline de nombreuses façons : transition énergétique, transition industrielle, transition alimentaire. Elle est en outre solidaire si l’on en croit l’intitulé du ministère que dirige Rugy.
Le Petit Robert définit la transition comme le « passage d’un état à un autre, d’une situation à une autre ». Ce n’est pas par hasard si, au sortir des dictatures, on parle de « transition démocratique ».
Pour ceux qui suivent les questions de population, l’une des notions clés est la « transition démographique ». Celle-ci correspond au passage d’un régime traditionnel, où la fécondité et la mortalité sont élevées et s’équilibrent à peu près, à un régime où la natalité et la mortalité sont faibles et s’équilibrent également.
Pendant la transition entre les deux régimes, la natalité diminue moins vite que la mortalité, créant un fort accroissement naturel de la population. C’est la situation qu’ont vécue les pays industrialisés à partir du XIXe siècle avant que le reste du monde suive le mouvement.
Pour ce qui est de l’écologie, on peut s’interroger. Transition vers quoi et par rapport à quoi ? Pour les promoteurs du concept, les animateurs d’Europe Ecologie-Les Verts, elle ne se réduit pas à la réduction des émissions de carbone. Tant s’en faut. Elle vise à une redéfinition complète des modes de vie et des relations entre les hommes et la nature, de la relation au temps. Soit une transformation globale du modèle économique et social actuel.
Autant dire qu’il y a du pain sur la planche. Et que les gilets jaunes pourraient faire bien des émules dans les années qui viennent.
Dominique Mataillet.
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