Les affiches ne passent pas inaperçues dans les rues de Tunis et dans plusieurs grandes villes du pays. On y voit Habiba Ghribi, la très jolie et médiatique championne du monde – 2011- et olympique – 2012- sur le 3 000 steeple, ambassadrice du sport tunisien, heureuse d’allaiter sa fille Alyssa née en mai 2019. Le père de l’enfant pose à ses côtés.
En Tunisie, l’allaitement n’est pas une pratique courante : le taux, selon les dernières études de 2018 serait de 13,5% et seuls un tiers des nouveau-nés sont mis au sein durant la première heure qui suit leur naissance. Ce qui en fait l’un des pays les plus réfractaire à cette pratique. L’Unicef se mobilise pour faire des émules dans le pays. Et Habiba Ghribi n’a pas hésité à prêter son image à cette campagne.
Les femmes tunisiennes ont, il est vrai, un congé maternité très court : dix semaines dans le secteur public et trente jours dans le privé. Ce qui contribue à cette situation. Pour Zahra Marrakachi, médecin et présidente de l’association Hanen, qui promeut l’allaitement maternel : « le milieu professionnel n’offre souvent pas un environnement adéquat. Il existe pourtant une loi en Tunisie qui oblige les entreprises comptant plus de cinquante femmes à avoir au moins une salle pour l’allaitement ou permettre à l’employée de tirer son lait et de le conserver dans un frigo ».
De nombreuses études scientifiques ont attesté les bienfaits du lait maternel, à la fois pour l’immunité de l’enfant mais aussi pour la prévention des maladies non transmissibles lorsqu’il devient adulte. Plusieurs réseaux sociaux tunisiens en font la promotion. Parmi eux le groupe privé Maman allaitantes en Tunisie qui fédère 3,4 k membres.
La difficulté à allaiter n’en reste pas moins réelle, face à la pression sociale. Douja Mestiri, 34 ans et consultante en management culturel, a récemment témoigné au Monde : « Avant mon accouchement, j’avais insisté pour faire du peau à peau dès la naissance de mon enfant. Au lieu de ça, on m’a très vite séparée du bébé et on lui a donné le biberon sans mon autorisation. Ensuite ça a été très compliqué, il n’acceptait pas le sein et quand je sollicitais le personnel soignant à la maternité, j’ai eu très peu de conseils.»
Habiba Ghribi contribuera-t-elle à faire évoluer les mentalités ?
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