Par Renaud de Rochebrune
« Elle me mangeait dans la main, jusqu’au jour où j’ai vu qu’il me manquait un bras » : cette phrase ne serait que modérément drôle si elle n’était pas curieusement destinée, en page de garde, à dire le plus grand bien de celle à qui Woody Allen dédie son autobiographie, sa compagne Soon-Yi. Enfin publié récemment après bien des péripéties, ce livre copieux de souvenirs au titre sobre, Soit dit en passant, est truffé dès le début de remarques cocasses, parfois aussi cruelles, à commencer, dès les premières pages, par celles qui concernent la propre mère de l’auteur.
Celle-ci, écrit-il, bien qu’« étant une femme merveilleuse, […] ressemblait à Groucho Marx », et même si « elle avait cinq sœurs au physique plus ingrat les unes que les autres, […] était sans doute la plus laide de la portée ». De quoi, ajoute-t-il, récuser à coup sûr la théorie du complexe d’Œdipe, de Freud, qui énonce que chaque homme a voulu inconsciemment tuer son père et épouser sa mère.
D’ailleurs, il dit : « Je préférais nettement mon père, même si c’était un coureur à la morale douteuse. » Hélas, l’ouvrage, par la suite – et notamment pendant le très long passage consacré au conflit qui oppose Woody Allen à son ancienne compagne Mia Farrow, mère adoptive de Soon-Yi –, ne tient pas ses promesses : humour qui tombe à plat, autojustifications de l’auteur, excès de fausse modestie, références à un contexte purement nord-américain qui déroute le lecteur européen…
Le livre est de moins en moins passionnant et prête de moins en moins à sourire au fur et à mesure qu’on avance dans sa lecture. Vite, que Woody Allen abandonne le stylo et reprenne la caméra.
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